Accueil Other La 14e législature : un chapitre sombre pour la démocratie sénégalaise

La 14e législature : un chapitre sombre pour la démocratie sénégalaise

Par Moha

La législature en cours au Sénégal est sans doute l’une des plus critiquées de l’histoire du pays. De l’obtention fragile de sa majorité à la remise en question permanente de sa légitimité, cette Assemblée nationale n’a cessé de décevoir. Dès ses débuts, son installation a donné lieu à des images choquantes et désespérantes pour la réputation du Sénégal. En pleine séance d’installation, la gendarmerie a même été appelée à intervenir à l’intérieur de l’hémicycle, un acte sans précédent qui a été orchestré avec l’aval du nouveau Président de l’Assemblée, élu dans des circonstances controversées de trahison de sa tête de liste nationale, favorisant les intérêts de l’ex première dame, de la famille et des copains au détriment de l’intégrité institutionnelle.

L’opposition entre majorité et minorité n’est pas nouvelle dans le paysage politique sénégalais, mais l’incursion de l’armée pour réguler les débats représente un recul inquiétant. Cette situation a mis en lumière les failles de cette législature, composée de 165 députés qui ont été incapables de respecter les principes fondamentaux de la démocratie par le dialogue et le consensus.

L’élément le plus troublant de cette Assemblée est sans doute son rôle potentiel comme instrument consentant des ambitions du Président Macky Sall, qui, à la fin de son deuxième mandat, semblait prêt à plonger le pays dans le chaos. Si le Conseil constitutionnel n’avait pas freiné ses desseins, le Sénégal aurait pu connaître des troubles sociaux majeurs. Les membres de la majorité, en alliance avec les députés du Parti Démocratique Sénégalais (PDS), ont tenté de discréditer le Conseil Constitutionnel, cherchant à reporter l’élection présidentielle et à prolonger le mandat présidentiel au-delà de sa date de fin initiale, le 2 avril 2024.

Le lundi 5 février, ils sont même allés jusqu’à voter une loi prolongeant de fait le mandat du Président de la République jusqu’au 15 décembre 2024. Cette initiative, immédiatement annulée par le Conseil Constitutionnel par suite d’un recours de l’opposition, aurait pu avoir des conséquences désastreuses. Sans cette intervention décisive de l’institution judiciaire, Macky Sall pourrait encore être au pouvoir aujourd’hui, avec une crise politique aggravée par le prolongement de la liste des dizaines de morts de jeunes qui se seraient opposés à ce coup de force.

Mais ce n’est pas tout. Cette même majorité de l’Assemblée nationale a voté une loi d’amnistie, un texte inique et honteux, visant à couvrir tous les actes d’assassinat et de liquidation politique supposément orchestrés par l’ancien pouvoir de Macky Sall, incluant sa famille dit-on, et certains ténors du défunt pouvoir. Une loi qui n’a fait qu’intensifier le sentiment d’injustice et de frustration au sein de la population.

Face à ces manquements graves, cette Assemblée ne mérite ni compassion, ni défense, même dans le cadre de procédures qui pourraient être discutables en d’autres circonstances. Elle doit simplement disparaître, tout comme son ancien Président, Macky Sall. Le peuple sénégalais n’est pas fier des actes posés par cette majorité et certains membres radicaux de l’opposition au cours de cette législature.

Le 12 septembre prochain est une date clé : une opportunité pour que cette Assemblée soit dissoute, si le Président Bassirou Diomaye Faye en décide ainsi. Nous le soutenons dans cette démarche essentielle, à la fois pour restaurer la démocratie et garantir la paix sociale.

Il est essentiel de rappeler qu’un Parlement n’a pas pour vocation de soutenir systématiquement le Président de la République en place, mais de défendre l’intérêt général de la nation. La prochaine Assemblée nationale devra impérativement se concentrer sur la défense de cet intérêt général, plutôt que de servir les intérêts particuliers de certains groupes ou individus. Les députés doivent se rappeler que leur devoir premier est envers le peuple et non envers des alliances politiques ou des ambitions personnelles.

Mohamed LY Président Think Tank IPODE

 

2 commentaires

Abdoulaye septembre 6, 2024 - 10:51 am

Je partage entièrement votre pertinente analyse qui restitue fidèlement les décevantes péripéties de cette 14ème législature indigne de la confiance que les citoyens avaient placée en ses membres. Félicitations pour votre brillante contribution.

Reply
Idrissa septembre 6, 2024 - 8:41 pm

Félicitations monsieur Ly, pour vos précisions justes et RÉPUBLICAINE

Comme à l’accoutumée pour ceux qui lisent vous en écrits, vous nous avez servi une approche décisive de notre PAYS le Sénégal très appréciable.

Pour sauver et Garder l’intégrité du Sénégal sur toute démocratique.

Reply

Laisser un commentaire