L’élection présidentielle en Guinée s’approche peu à peu ; elle aura lieu au début du mois d’octobre, dans un climat politique très tendu. En perspective, il est important d’évaluer le niveau de préparation de la Guinée et comment contenir les fracas qui pourraient en découler.
Cette évaluation est essentielle, compte tenu que les conditions nécessaires à l’organisation des élections libres et équitables n’y existent pas. Une analyse perspicace de l’atmosphère politique actuelle du pays montre que les scrutins à venir se tiendront dans une ambiance de menaces de «vie-et-de-mort».
L’opposition est plus que jamais prête à utiliser tous les moyens et employer toutes les stratégies possibles afin de remporter le scrutin. Cellou Dalein Diallo, principale figure d’opposition en Guinée, s’est rendu la semaine dernière à Bruxelles pour pousser l’Union européenne à prendre part à l’élection prochaine, très certainement parce qu’il ne fait pas confiance aux autorités en place.
L’un des pays les plus riches sur terre, en ressources naturelles, pourrait ainsi souffrir d’une énième crise politique insurmontable si des mesures préventives ne sont pas prises.
Les manigances du Président Alpha Condé demeurent une menace pour la bonne tenue des élections : l’oppression des opposants politiques reste un sujet de préoccupation. Selon l’opposition, M.Condé serait en train d’entreprendre des actions visant à affaiblir l’alliance Dalein-Dadis avec pour objectif de «s’éterniser» au pouvoir.
Des rapports des médias pro-opposition révèlent que l’entourage présidentiel entreprend des manœuvres frauduleuses dans certaines zones électorales acquises aux opposants telles que la Guinée-Forestière, le Fouta, la Haute-Guinée etc., en vue de désavantager certains partis, notamment l’UFDG, l’UFC, le FPDD.
Le rapprochement entre Cellou Dalein Diallo (chef de file de l’opposition) et Dadis Camara (ancien chef de junte) pose un autre défi. Les négociations entre le gouvernement et l’opposition sont au point mort, ce qui expose le pays à une instabilité politique extrêmement intense. Malgré tout, il est toujours possible de changer la donne !
L’Union africaine (UA) et d’autres partenaires stratégiques devraient pour une fois dans l’histoire de l’Afrique jouer leur rôle dans la prévention d’un désordre politique. La fameuse Union panafricaniste doit en finir avec son syndrome de «médecin constatant le décès». Elle doit consentir à mettre en place une plate-forme nationale pour discuter des questions en suspens relatives aux élections, notamment celles qui suivent :
▪ Organiser les élections locales avant le scrutin présidentiel ; en effet, l’élection présidentielle doit être reportée de deux à trois mois ;
▪ Mettre à jour la liste électorale pour lui donner plus de crédibilité digne de ce nom ;
▪ Re-démarquer les circonscriptions de manière juste et équitable ;
▪ Dissoudre l’actuelle Commission électorale nationale indépendante (CENI) et mettre en place un nouveau dispositif, technique et non politique. L’actuelle CENI est techniquement faible et politiquement partisane ;
▪ Renforcer la Cour constitutionnelle afin qu’elle puisse jouer un rôle impartial et imposant dans le règlement des litiges électoraux, comme l’édicte l’article 93 de la Constitution guinéenne ;
▪ Revoir le Code électoral de la Guinée et le rôle du ministère de l’Intérieur dans les élections.
Sauvons la Guinée ! Le temps est venu d’agir !
Par Isidore Kpotufe*, IMANI Center