Si le bilan suffisait, Lionel Jospin n’aurait pas été battu pour voir Jean Marie Le Pen se qualifier pour le second tour de la présidentielle française en 2002.
Si avoir le meilleur profil suffisait, Al Gore n’aurait pas perdu contre Bush Jr en 2000 aux USA.
C’est un projet de société porteur qui fait gagner une présidentielle, que tu sois candidat sortant ou challenger et non un bilan, aussi élogieux soit-il. Il est important d’avoir un projet rassembleur, et qui réponde aux aspirations profondes du peuple. Notre intime conviction est que les sénégalais ont besoin de rupture, des ruptures fortes dans l’incarnation de l’Etat, que nous opérerons non par la révolution, mais par des réformes courageuses et introduites graduellement et de façon harmonieuse dans nos lois et règlements. Le peuple sénégalais n’aime pas être bousculé, il n’a jamais plébiscité des révolutionnaires, mais il sait aller avec fermeté et dans un pas sur vers son idéal.
– Le sénégalais veut qu’on réforme son administration, que celle-ci soit davantage tournée vers le service aux citoyens que vers la corruption et l’esprit de corps. Cet esprit de corps, ces ordres au sein de cette administration qui retarde certaines réformes et parfois même essaient de les faire échouer. On le dit peu, mais certains corps n’accompagnent pas l’Etat dans l’atteinte de certains objectifs d’intérêt général comme l’autosuffisance en riz. Dans ce programme d’autosuffisance que biens des gouvernements ont porté certains lobbies et certains corps de l’administration ont plus à perdre de les voir réussir. L’importation du riz profite plus à plusieurs groupuscules tapis dans l’administration et le patronat que notre indépendance économique. Cette attitude pourrait être assimilé à un comportement anti-patriotique. Nous n’exagérons pas de le nommer ainsi. Il y a des ordres que le prochain Président doit être résolu à combattre, et que l’opinion et le peuple doivent soutenir ce président parce qu’ils lui auront accorder leur confiance.
– Le sénégalais veut que l’Etat s’éloigne de l’ordre religieux tout en lui amenant un soutien logistique en terme de sécurité et d’organisation comme aux grands événements comme le Gamou, Magal etc. Ils veulent par contre le moins possible que les autorités politiques soient dirigées par les autorités religieuses. Les sénégalais veulent que chacune de ces autorités s’arrêtent à ses prérogatives. Le candidat qui sera plébiscité ne devra pas prôner une loi de 1905 à la française, mais tout de même revoir la charge financière que représente les événements religieux. Par ces milliers de d’événements religieux par an l’effort de l’Etat dans la réussite de leurs événements est incommensurable. Et cela va de la mobilisation des forces de sécurité, à celle de la RTS de la Senelec, SDE, Douane, etc. Ce cour est énorme et devrai être rediscuté en société. Il faudra continuer à prôner une gestion sobre et vertueuse des deniers de l’Etat.
– Le sénégalais veut une rupture dans l’incarnation de l’Etat, en excluant amis et parents. La formule : la patrie avant le parti ils y avaient adhéré fortement en 2012.
– Le sénégalais veut une rupture dans la gestion des dossiers de détournements présumés et des scandales comme ceux de Thione Seck, Bethio Thioune, Yerim Seck, Luc Nicolai etc… Ils ne veulent plus avoir l’impression que certains sénégalais sont au-dessus de la loi.
– Le sénégalais veut qu’on aide sa presse à s’organiser et à être plus performante, pour que celle-ci puisse faire un travail remarquable d’enquête et d’information. Ce qui est primordial dans une démocratie vivante.
– Un autre type d’enquête que les sénégalais attendent, sont les enquêtes parlementaires au-delà des enquêtes d’investigation des journalistes. Nous voulons que notre Assemblée Nationale s’implique dans des sujets graves qui ressemblent à des scandales que ce soit financier, sanitaire ou sécuritaire. Sur les sujets comme la pénurie d’eau, les contrats de concession, le Prodac, le cas de l’étudiant Fallou Séne, le contrat avec Eiffage etc. les citoyens considèrent que l’Assemblée Nationale a pêché sur ces dossiers en ne s’en saisissant pas par des enquêtes parlementaires pour aider à faire la lumière. Nous attendons donc, des réformes de la société politique. Et sur ce point que ce soit la société politique, les candidats à l’élection présidentielle comme les partis politiques, tous sont prompts à vouloir tout réformer dans notre pays, sauf leur façon de fonctionner !
Ça en est même suspect ! Aucun leader de premier plan ne promet de secouer le cocotier politicien, et il le faut pourtant. Surtout sur les points suivants:
— le mode d’élection des députés qui doit être revu. Le raw gaddu à un tour est injuste et ne reflète pas l’esprit de la 5e République sur lequel on s’est calqué, système qui devrait s’attacher à faire respecter les proportions de représentativité à l’Assemblée Nationale, au CESE et au HCCT de façon équitable.
— le mode de fonctionnement de l’Assemblée Nationale est à revoir pour assurer à l’AN plus de liberté vis à vis de l’exécutif et lui donner aussi plus de pouvoir de contrôle
— le contrôle sur les dépenses de l’Assemblée nous semble important, rien ne justifie que ses marchés échappent au contrôle de la commande publique.
— l’organisation des partis, des coalitions de partis, doit être revue pour éviter d’entretenir des partis politique yobaléma.
Mais vous remarquerez comme moi, que le monde politique fait comme une omerta sur ces sujets. Ils veulent tout réformer, en ayant une amnésie sur le besoin de réformes de leur mode de fonctionnement, de leur mode de financement et des modes de représentation aux différentes institutions de la République.
Le candidat qui prendra ces sujets en charge devrait attirer notre attention positivement
-Le sénégalais veut qu’on réforme le fonctionnement de sa justice pour donner à celle-ci plus d’indépendance et de dignité. Une réforme institutionnelle a été adoptée par référendum durant ce mandat en cours. Mais il s’exprime dans l’opinion une volonté d’aller plus loin dans cette réforme. Notre pays a un besoin urgent de réformes. Des réformes pas facile et qui devraient impacter lourdement sur l’ETAT et jouer un rôle majeur dans la transformation sociale du pays. Essayons de nous attarder sur les besoins de réforme de la justice. S’il y a des points qui reviennent le plus souvent nous pouvons citer
— La réforme du Conseil constitutionnel qu’on aimerait voir évoluer en une cour constitutionnelle, avec des compétences élargies. Les citoyens en ont marre de la frilosité du Conseil Constitutionnel qui à chaque fois qu’il est saisi se déclare incompétent.
— Une autre réforme qui aura une grande incidence sur la justice sera une bonne réforme du CSM. Cet organe qui gère la carrière des magistrats entre autre.
D’autres réformes judiciaires sont attendues, mais ces deux-là, si elles sont menées à terme avec audace, révolutionneront l’institution judiciaire et donc notre société qui aura la garantie renforcée de tendre vers une société plus juste.
– Le sénégalais veut aussi avoir un cadre de vie sain, des quartiers viabilisés, propres et épanouissants. Il faut un grand courage politique pour faire appliquer les lois existantes et éviter les pollutions dans nos quartiers, à commencer par les dahiras et djiangg qui empêchent les citoyens d’avoir leur quiétude avec une pollution sonore regrettable, avec des routes barrées etc..
Mais aussi, il faut que l’Etat prenne ses responsabilités par rapport aux voiries, aux canalisations, gestion des eaux usées etc…. ce défaut d’accompagnement de l’’Etat est source d’insalubrité et de risque de santé publique.
– Le sénégalais veut qu’on réforme les systèmes de santé et éducatifs: les grèves ils n’en veulent plus! Ils attendent un candidat qui pourra leur dire de façon détaillée comment remettre ces secteurs en marche avec un plan quinquennal de réformes qui agréera et les partenaires sociaux et les usagers.
Nous ne prétendons pas avoir été exhaustifs sur les réformes à apporter, mais il nous semble que ces points constituent des aspirations réelles et profondes. Nous n’avons pas traité certains sujets cruciaux comme le pétrole, le gaz, l’agriculture qui devra remédier à l’exode rural, la pêche etc. exprès car nous ne pensons pas pour le moment que ce soit l’enjeu de cette présidentielle. Les sénégalais font confiance à l’Etat et à son efficacité dans sa continuité et pensent que les contrats établis par exemple dans le domaine du pétrole et du gaz tiennent la route et seront défendus par n’importe lequel des candidats qui sera élu. L’économie, notre attractivité pour les investissements, la sécurité du pays, le tourisme sont des sujets qui peuvent aussi retenir l’attention de nos concitoyens, mais le cœur de nos préoccupations reste encore un besoin d’avoir un Etat mieux structuré, fort et stratégique. Les candidats qui l’auront compris feront la différence.