A ce jour, il y a encore de par le monde, 55 à 57 millions d’enfants en âge d’être scolarisés qui ne sont pas à l’école; 263 millions de garçons et de filles de 6 à 17 ans sont, soit non scolarisés ou sortis du système scolaire avant la fin du secondaire[1]. La plus grande partie d’entre eux vivent dans des pays à forte population et à fort croissance démographique, en Afrique et en Asie.Au Niger, seuls, 20% des enfants vont à l’école nonobstant une forte poussée démographique. Au Nigeria, 10 millions d’enfants ne sont pas scolarisés. Au Mali, au Sénégal et dans les autres pays africains, les objectifs fixés pour scolariser les enfants, ne seront pas atteints, en raison des faibles ressources budgétaires des Etats. Cette situation est comparable à celle du Pakistan, de l’Afghanistan et de la RDC. Le principal problème que ces pays rencontrent pour éduquer leurs enfants est en grande partie lié au financement car leurs budgets ne leur permettent pas de faire face aux grands défis que représentent les ODD (Objectifs de Développement Durable)[2].
Titre : Tendances mondiales en matière d’enfants non scolarisés
Quand, un pays de l’OCDE comme la France dépense 10.000$ par élève, les Etats d’Afrique subsaharienne, ne peuvent consacrer que quelques centaines de dollars par enfant pour sa scolarisation. Les faibles ressources disponibles dans les pays moins avancés, ne peuvent pas couvrir le besoin de financement nécessaire à atteindre l’objectif de scolarisation de l’ensemble des enfants; pourtant un pays comme le Sénégal consacre 25,48% du Budget d’Etat à l’éducation, ce qui représente le quart de ses ressources budgétaires. Depuis la conférence d’Addis-Abeba en 1961 jusqu’au Forum de Dakar de 2000 en passant par l’élaboration des OMD, l’éducation pour tous a été considérée, au sein de la communauté internationale, comme une priorité. La scolarisation primaire universelle est un des objectifs phares des ODD, Objectif de développement durable 4 (ODD4) pour une éducation de qualité pour chaque enfant d’ici 2030. Pour faire face à cette priorité, il faut donc arriver à mobiliser les moyens financiers et autres moyens nécessaires.
I – Enjeux, objectifs et pertinence d’un financement mondial : Pour la paix et la sécurité dans le monde
En 1990, un rapport réalisé pour la revue scientifique “The Lancet” faisant état des insuffisances de l’aide financière internationale allouée à la lutte contre le VIH/SIDA dans le reste du monde, a secoué les décideurs aux Etats Unis. Ce rapport prônait que les problèmes de santé dans le monde devaient être aussi une préoccupation pour les Américains. Après sa publication, le financement de la santé dans le monde est devenu, une question géostratégique aux USA. Les idées défendues par le rapport démontraient qu’il n‘est plus possible d’arrêter les maladies et les virus aux frontières mais leur diffusion ne pouvait être évitée qu’à l’échelle internationale et pour agir dans ce sens, il était nécessaire de venir en aide aux pays à faibles revenus. En conséquence, pour protéger les Etats-Unis, il fallait agir aussi dans les autres pays et les soutenir dans la maîtrise et le traitement des pandémies comme le VIH/SIDA, et les maladies contagieuses telles que la tuberculose et d’autres encore. Cette dynamique internationale a facilité la mise en place du fonds mondial de l’ONU pour la santé. Ce rapport sera à l’origine de la création du Fonds global de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme. Nous invitons la communauté internationale à agir de la même façon sur la question de l’éducation ; car une éducation de qualité pour tous les enfants est tout aussi cruciale et importante pour la paix, la sécurité et le développement durable dans le monde.
C’est aussi grâce à une forte implication de Jeffrey Sachs, conseiller de Ban Ki Moon à l’ONU, que les Nations Unies ont donc mis en place, depuis 2002, le fonds mondial pour la santé de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme. Jeffrey Sachs a défendu la nécessite de créer ce fonds et l’idée sous-jacente de dire aux pays riches qu’investir pour leur santé sans pour autant le faire pour les pays pauvres, était une menace pour eux-mêmes et mettait en péril leurs citoyens. Ce fonds doté d’investissements de près de quatre milliards de dollars US avec l’appui de la Fondation Bill & Melinda continue de bien fonctionner. Grâce au rôle fondamental qu’ont joué les pays riches, le fonds a permis de combattre ces maladies terribles étant convenablement doté. Concernant la santé, les dangers sont évidents, les conséquences presque immédiates. Il a donc été moins difficile de convaincre les pays bailleurs. Cependant que leurs leaders soient conscients que les enjeux sont similaires pour le secteur de l’éducation. L’existence de millions d’enfants sans scolarisation à travers le monde est un danger pour la stabilité du globe, et menace de façon durable la paix et la sécurité. C’est pour ces raisons que la communauté internationale a plaidé pour un fonds mondial pour l’éducation sur le même modèle que ce qui avait été fait pour la santé et ainsi, le PME, Partenariat Mondial pour l’Education (Global Partnership for Education, GPE) a vu jour. Pour l’éducation aussi, Il faut mettre des moyens significatifs et conséquents a l’image de la sante.
C’est ainsi que le Sénégal et la France vont co-organiser, le 2 février prochain, à Dakar, la troisième conférence dite de reconstitution du Fonds du PME, avec pour objectif de mobiliser plus de trois milliards de dollars au profit de l’éducation et ce, entre 2018 et 2020. Ce sera la première fois qu’un pays donateur et un pays en développement parraineront ensemble une conférence de financement du PME, symbolisant ainsi l’esprit du partenariat. Le financement de l’éducation devrait être une préoccupation permanente des politiques publiques, de la communauté internationale et particulièrement, celle des pays en développement. La communauté internationale doit tout faire pour que les millions de garçons et de filles non scolarisés ne tombent pas dans les ténèbres de l’ignorance, l’obscurantisme, l’oisiveté, l’attrait des milieux de criminalité et du terrorisme.
Quel que soit le pays, son avenir est compromis, si ses enfants et ceux d’autres pays quel quels soient n’ont pas accès à une éducation correcte. Pour pallier la carence de financement dans les pays en développement, ce qui peut devenir dramatique pour notre avenir commun, il faut renforcer les moyens du fonds international pour l’éducation qu’est le partenariat mondial pour l’éducation.
II – La Communauté internationale doit être à la hauteur des enjeux du sommet de Dakar 2018
Le rôle déterminant de l’éducation dans le processus de développement fait l’objet d’un consensus de la communauté internationale. Depuis les années 2000, le monde a réalisé d’importants progrès, des millions d’enfants supplémentaires sont scolarisés par rapport à ce que laissaient augurer les tendances des années 1990[3]. Le nombre d’enfants et adolescents non scolarisés a diminué de 84 millions, dont 52 millions de filles. Différentes politiques ont permis ces progrès :
- l’abolition des frais d’inscription en Ethiopie, au Ghana, au Kenya, au Malawi, en Tanzanie, au Burundi et en Ouganda.
- La diffusion de campagnes audiovisuelles réussies pour l’éducation des filles au Tadjikistan
- La construction d’écoles au Mozambique, au Sénégal, et au Pakistan. La distribution des repas à l’école dans 32 pays d’Afrique subsaharienne.
Des pays en développement comme le Sénégal, le Burkina, la Palestine, la Thaïlande, le Bengladesh et d’autres encore, ont du chemin à faire pour répondre aux besoins du secteur de l’éducation en vue de l’atteinte des objectifs de l’EPT (Education Pour Tous) d’ici à 2030. II est important que les pays en développement établissent un programme chiffré de sortie de crise pour éduquer les nouvelles générations. Il est encore plus crucial que le fonds leur vienne en appui en consacrant des moyens financiers à l’obtention de résultats tangibles et en évitant de focaliser le financement sur la production de rapports, des missions, des recommandations ou d’émettre des vœux pieux en vue d’atteindre l’objectif de scolariser davantage d’enfants. Autant dire que le financement axé sur les résultats devra servir de principe majeur à cet appui.
II – a) Le PME Partenariat Mondial pour l’Education : Etat des lieux et bilan par rapport aux objectifs de l’EPT
Depuis 2002, les pays partenaires du PME ont obtenu des résultats remarquables, et le PME a permis à des millions d’enfants d’être scolarisés et de bénéficier d’une éducation de qualité. Le nombre d’enfants scolarisés dans le monde a nettement augmenté entre 1999 et 2011. Parmi leurs réalisations ont peut noter :
- 72 millions d’enfants de plus étaient scolarisés en 2015 dans les pays partenaires du PME, par rapport à 2002.
- 65 % des pays partenaires du GPE disposant de données affichaient des résultats d’apprentissage améliorés entre 2000 et 2015
- 4 % des pays partenaires du PME avaient autant de filles que de garçons achevant le primaire en 2015
- 2,3 milliards de dollars de financement du PME ont été alloués aux pays partenaires touchés par la fragilité et les conflits depuis 2003
Titre : Nombre d’enfants non scolarisés par région, 2000-2012 –
Source : La base de données de l’Institut de statistique de l’UNESCO
De vrais progrès ont donc été notés. Cependant ils n’ont pas été équitables : les enfants confrontés à des obstacles particuliers dans l’accès à l’éducation, tels que le genre, la pauvreté, la mobilité, le nomadisme, le handicap physique ou l’origine ethnique ont toujours autant de difficultés à accéder à l’éducation.
Un nombre disproportionné d’enfants non scolarisés vit dans des pays caractérisés par l’instabilité et le conflit et/ou l’extrême pauvreté. De nombreux pays qui appartiennent au groupe des pays où il y a le plus grand nombre d’enfants non scolarisés, ne reçoivent toujours pas les financements extérieurs nécessaires pour satisfaire leurs besoins. Ceci malgré les efforts du PME qui travaille néanmoins au renforcement des systèmes éducatifs nationaux, afin d’augmenter substantiellement le nombre d’enfants scolarisés et qui reçoivent un apprentissage valide, et afin de surmonter les obstacles qui les empêchent d’autres enfants d’aller à l’école, pour y rester et y terminer leurs études.
Cependant, l’Unesco[4] considère que le bilan de l’initiative EPT (Éducation pour tous) est décevant malgré les progrès accomplis. Seul un tiers des pays signataires a atteint les objectifs fixés de l’Initiative EPT pour laquelle 164 nations s’étaient engagées en 2000. Parmi elles, on peut souligner que se trouvent des pays européens, comme d’autres comme Cuba, le Kirghizstan et la Mongolie. A l’inverse, loin des objectifs, on retrouve plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, et d’autres comme le Pakistan, le Yémen ou la Syrie.
Au total, si l’objectif-phare de l’EPT était de scolariser tous les enfants en âge d’aller à l’école primaire, il n’a été atteint que par la moitié des pays (52%), tandis que 10% s’en rapprochent, 29% en sont loin et 9% très loin. D’où l’urgence à reconstituer les ressources du PME et accentuer notre plaidoyer pour inviter les Etats à être à la hauteur des enjeux en question.
II – b) La problématique de l’éducation dans les zones de conflits : les jeunes filles principales victimes
S’il est difficile, compte tenu des contraintes à collecter des données, d’établir une corrélation directe entre le niveau d’instruction et les guerres dans le monde ; il est évident que les zones où des crises sont en cours, sont celles où il est plus ardu de faire progresser le niveau d’éducation des enfants surtout celui des filles. L’Unesco nous apprend[5] qu’un tiers des enfants privés d’école dans le monde vivent dans des zones de conflit. Ce phénomène s’est aggravé depuis les années 2000. Et ce sont les filles qui y sont particulièrement victimes. En Syrie, à la fin de l’année 2013, 2,2 millions d’enfants en âge d’aller à l’école sur 4,8 millions n’étaient pas scolarisés. On comptait à cette date près de 500.000 enfants syriens réfugiés en Egypte, en Irak, en Jordanie, au Liban et en Turquie selon les instances internationales.
Au Nigeria, plus de 200 lycéennes ont été kidnappées par le groupe islamiste Boko-Haram. Le terrorisme islamiste transfrontalier a fait reculer les nets progrès enregistrés dans certains pays subsahariens.
Néanmoins, certains pays ont réalisé d’énormes progrès, comme la Sierra Leone, qui, après onze ans de conflit, a réussi depuis 2005 à diviser par deux le nombre d’enfants qui n’étaient jamais allés à l’école. La Sierra Léone s’est aussi attaquée avec efficacité à l’épineuse question du travail des enfants qui est un frein à la scolarisation de ces derniers.
La question de l’accès des filles à l’éducation est d’autant plus importante qu’on apprend dans les rapports de l’ISU (Institut Statistique de l’Unesco) qu’elles sont plus destinées que les garçons, à ne jamais mettre les pieds dans une salle de classe, malgré tous les efforts et les progrès accomplis ces 20 dernières années. D’après les données de l’ISU, 15 millions de filles en âge d’aller à l’école primaire n’auront jamais la possibilité d’apprendre à lire ou à écrire à ce stade, contre 10 millions de garçons. Neuf millions d’entre elles vivent en Afrique subsaharienne.
L’éducation des filles est un enjeu considérable que devrait prendre en charge conjointement le PME et les pays en développement car, comme il a été établi, le fait d’améliorer l’accès des filles à l’éducation à travers le monde a pour conséquence d’agir positivement sur la famille, la maîtrise de la croissance démographique, la capitalisation du dividende démographique et de contribuer également à l’émergence de sociétés plus instruites et positives à travers le rôle positif que les mères instruites jouent dans la scolarisation de leurs enfants, le maintien de leur état nutritionnel et leur état de santé, la réduction de la pauvreté des familles.
II – C) Modalités de financement
Au-delà du financement par le biais de la reconstitution du Fonds du PME, les pays pourraient envisager aussi d’autres formes innovantes de financement de leur école, de leur éducation ainsi que des ressources budgétaires plus conséquentes pour relever le défi.
Au niveau du PME, il est attendu l’implication financière de grandes entreprises. Il est attendu des multinationales qu’elles s’engagent et participent au financement du fonds en numéraire, ou bien en mettant à disposition des outils multimédia pour diffuser l’enseignement à ceux qui en sont écartés, ou en aidant à améliorer les méthodes d’enseignement dans le monde. Les grands acteurs de la vie économique africaine devraient être des bailleurs de l’avenir de l’Afrique qui est induit en grande partie par l’éducation de sa plus jeune génération.
Nous devons, avec ces grandes entreprises et ces acteurs, faire de l’éducation pour tous, une priorité.
Dans les autres formes de solutions innovantes, on peut exploiter les pistes budgétaires, c’est-à-dire mettre en place des régimes fiscaux pertinents qui pourraient aider à lever des fonds en vue de financer des services essentiels comme l’éducation. C’est dans ce cadre que les multinationales peuvent aussi aider à financer l’école et les universités en acceptant de payer leurs taxes où elles réalisent leurs activités et en s’impliquant dans le recul de l’ignorance à travers la RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises). Les pays pourraient aussi initier une taxe à l’image de la taxe de solidarité sur les billets d’avion, aussi appelée taxe Chirac qui est internationale et prélevée sur le prix des billets d’avion pour financer l’organisme international Unitaid[6].
Certains bailleurs finançant le développement ont pu tester des modèles de partenariat public-privé qui gagneraient à être démultipliés et mis à l’échelle.
De la même façon que la santé est soutenue par des grandes entreprises pharmaceutiques pour éviter la contamination, les grandes entreprises intervenant dans les TIC (Technologies de l’Information et de communication) et dans l’industrie culturelle pourraient aider le secteur de l’éducation dans les pays en développement au sein desquels, l’avancée de l’éducation augmente la taille de leur marché. Mais il est peut-être plus facile de lutter contre les épidémies que de faire reculer l’ignorance ainsi que l’obscurantisme et l’insécurité qui vont avec. Cependant il demeure certain que pour jouer leur rôle d’agents du développement de leur pays d’origine ou d’accueil et de citoyen du monde, les jeunes garçons et filles devront immanquablement jouir d’une bonne santé et bénéficier d’une instruction utile.
III – Feuille de route et sommet de Dakar
Les pays en développement devraient partir de Dakar 2018 avec une feuille de route claire. Les Etats devraient associer dans chaque pays les syndicats d’enseignants, les associations de parents d’élèves, les ONG, les associations de solidarité internationale, les organisations d’éducation populaire et tous les types d’organisations qui ont des actions de terrain en faveur de l’accès à l’éducation dans les pays concernés, pour leur proposer d’unir leurs forces. Ensemble, ils devront chercher à augmenter les ressources consacrées à cette grande cause et veiller à ce que les budgets décidés soient réellement engagés sur cet enjeu.
Il faudrait que les pays d’Afrique subsaharienne, quant à eux, ne laissent pas le déterminisme social l’emporter sur le mérite à l’école. De toutes les régions du monde, l’Afrique subsaharienne est celle qui présente les taux d’exclusion les plus élevés. Plus d’un cinquième des enfants âgés de 6 à 11 ans ne vont pas à l’école, suivis d’un tiers des jeunes âgés de 12 à 14 ans. Selon les données de l’ISU, près de 60 % des jeunes de 15 à 17 ans ne sont pas scolarisés. Les disparités persistantes en matière de participation à l’éducation liées au sexe, au lieu de résidence et à la richesse sont l’un des principaux obstacles à la réalisation de l’éducation pour tous en Afrique. Il faudra encourager la mixité sociale entre le public et le privé. Des études sérieuses[7], montrent que les enfants issus de milieux favorisés sont plus scolarisés dans le privé que dans le public qui perd en qualité du fait du manque de moyens didactiques et des perturbations dues principalement aux grèves des systèmes scolaires. Ce qui crée très souvent un « apartheid scolaire » du fait de la stratégie de contournement qui fait éviter aux familles aisées, les zones dévalorisées de nos pays. Tout ceci pose la question de savoir comment réduire le poids des déterminismes sociaux dans l’éducation. Egalement, si on veut être pragmatique dans ce plaidoyer, il faut prendre en considération que l’éducation doit aussi préparer à la pratique d’un métier dont il sera indispensable d’envisager l’apprentissage à un moment ou à un autre. On pourrait aussi rechercher à intégrer intelligemment cette contrainte dans nos systèmes éducatifs. Ne faut-il pas aussi prolonger cette démarche d’intégration pour les formations sportives et artistiques ?
Par ailleurs, il serait intéressant de revoir comment les modèles d’enseignement traditionnel peuvent intervenir dans cette démarche d’accès à l’éducation, et de chercher à intégrer dans le processus d’autres types d’enseignements. Le modèle d’éducation proposée par les écoles classiques ne répond pas toujours aux besoins des communautés conduisant à une faible utilisation de l’offre d’éducation existante. Garantir le droit de tous les enfants à l’éducation revient donc à assurer une offre d’éducation pertinente au regard des besoins des communautés comme l’enseignement coranique dans certains pays ouest africains comme, la Guinée, le Sénégal, la Mauritanie ou le Mali. Le PME doit intégrer dans son financement ce type d’apprentissage de la connaissance qui sort des sentiers battus de la vision occidentale dans la mesure où il est possible de vérifier que ces écoles fournissent un enseignement qui ne favorisera pas l’intégrisme religieux et répondra à une véritable éthique humaniste. Ceci pose la question de la définition de l’éducation ainsi que la cible. Tout le monde n’est pas mobilisable pour des études très longues au moins dans le format actuel.
Les médias devraient aussi jouer leur partition pour l’éducation de la population. Au Sénégal, la télévision maintient et soutient activement la sous culture par la pauvreté de leurs programmes. L’éducation passe également par ce biais-là notamment par l’accès à une information pluraliste et à la culture. Il faut également rechercher à sensibiliser les populations à la richesse du patrimoine culturel, intellectuel et historique dont il dispose et sans lesquels l’éducation devient vide de sens. Il est urgent de définir dans nos pays une vraie approche d’une éducation qui fait reculer l’obscurantisme. Cela revient à dire que la réussite de toutes ces initiatives ne serait pas mesurée uniquement à travers les taux de scolarisation et de déscolarisation, mais également à travers l’engagement d’une vraie révolution culturelle de tous les véhicules éducatifs et la capacité à améliorer l’éducation des enfants, des jeunes et des masses.
IV – Conclusion :
Tout compte fait, le problème de l’éducation n’est pas différent de celui de la santé si l’on considère que de la même façon qu’il y a un prix humain et économique aux épidémies, il y aussi un prix à l’IGNORANCE et ce, sur les court, moyen et long termes et si l’on considère que la conjonction d’une bonne santé et d’une instruction sont les meilleurs ingrédients du développement humain garant d’une culture globale de paix, d’ouverture et de tolérance. Si nous laissons grandir une autre génération sans éducation, nous en paierons tous un prix dont nous ne pouvons imaginer les conséquences. Il faut donc une augmentation de la solidarité internationale pour financer l’éducation de ceux qui en sont exclus. L’éducation est primordiale. Il a été démontré que le coût de non scolarisation des enfants est supérieur à celui de leur scolarisation pour ne parler que de l’enseignement primaire. La conférence de financement du Partenariat mondial pour l’éducation est notre première occasion de transformer l’engagement politique en un soutien tangible. Le financement de l’éducation est en effet le meilleur investissement que nous pouvons faire a déclaré Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations unies. Nous y souscrivons sans réserve ! Il faut que les hommes arrêtent de gaspiller dans des conflits et des guerres stupides et investir dans l’éducation, dans l’école.
Mohamed LY
Pour le Think Tank IPODE.
Ce papier a été réalisé grâce aux données de l’ISU, aux sites internet de l’Unesco et du Partenariat Mondial pour l’Education. L’auteur a aussi été inspiré par les discours à l’ONU des Présidents Macky Sall et Emanuel Macron ; par le Rapport mondial de suivi sur l’éducation et les déclarations de l’ex secrétaire général de l’Unesco Irina Bokova mais aussi celles de Jeffrey Sachs ex conseiller aux Nations Unies de Ban Ki Moon.
[1] Chiffres tirés des statistiques de l’ISU (institut statistique de l’Unesco)
[2] Les Objectifs de Développement Durable (ODD) ont remplacé les OMD (Objectifs du Millénaire pour le Développement), qui eux, se sont terminés en 2015.
[3] Irina Bokova l’ancienne directrice générale de l’Unesco
[4] Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture
[5] Rapport 2015 de l’Unesco
[6] Unitaid est une organisation internationale d’achats de médicaments, chargée de centraliser les achats de traitements médicamenteux afin d’obtenir les meilleurs prix possibles, en particulier à destination des pays en voie de développement
[7]Charles Delorme : http://journals.openedition.org/ries/1949 ou