Au mois de Septembre 2015, le Sénégal a gagné des places dans le classement des pays les plus innovants au monde et se retrouve premier en Afrique Subsaharienne. Cette progression est une source de satisfaction réelle pour notre pays. Aujourd’hui, l’importance de l’innovation comme stimulateur de développement n’est plus à démontrer, donc ce classement peut nous rassurer sur la trajectoire prise par notre économie. En se fondant sur le GII, General Index Innovation[1], 2015, le Sénégal totalise 31 points se classant ainsi comme premier en Afrique Sub-Saharienne et au 84ième au rang mondial. Position tout à fait honorable au vu de notre rang dans l’économie mondiale.
Au regard de cette performance, l’on peut considérer que l’action du Président Macky Sall à la tête de l’Etat commencent à donner des résultats satisfaisants dans les domaines de la gouvernance, de l’environnement des affaires et de notre capacité d’innovation dans divers secteurs.
Notons que l’innovation technologique est facilitée dans un pays par des innovations politiques, sociales et démocratiques, n’oublions pas que ” la réussite économique africaine est en grande partie due à l’avancée de la démocratie sur le continent”[2]. Pour le futur le Sénégal peut faire beaucoup mieux dans ce classement pour aller chercher la première place africaine. C’est tout à fait à notre portée. Pour ce faire il faudra analyser et déterminer les domaines dans lesquels nous avons des marges de progression pour renforcer et améliorer nos politiques publiques et notre compétitivité.
Dans ce cadre le domaine de la « recherche et développement » R&D et de son financement devraient faire l’objet d’une implication accrue de l’Etat tout en veillant à améliorer sensiblement la qualité de l’enseignement supérieur comme le préconisent les 78 recommandations du rapport issu des travaux du Comité de Pilotage de la Concertation Nationale sur l’Avenir de l’Enseignement Supérieur (CNAES)[3]. Dans ce rapport « la recherche et l’innovation » est l’un des cinq grands axes majeurs.
I – Des enjeux du financement de la recherche au Sénégal et de la nécessité du renforcement de la qualité de notre enseignement supérieur
I-a Education, Recherche et prospérité
L’éducation de qualité dispensée de façon durable, est indéniablement un des piliers de développement. Pour ce faire, elle devra se fonder, entre autre, sur la recherche. La recherche se fait de façon publique et privée. La recherche publique, fondamentale ou appliquée, fournit un cadre propice aux innovations et au développement d’idées pouvant aboutir à la mise en place de véritables solutions, applicables et à large échelle. Ainsi, elle permet à terme de résoudre des problèmes à plusieurs niveaux. En effet, les moyens et les effets escomptés de la recherche publique répondent au principe de la mutualisation contrairement à la recherche privée qui elle-même est un bénéficiaire de la recherche publique même au sein des économies majeures (France, Etats Unis). Cette dernière est un autre levier possible de développement, qui permet de répondre à des besoins ou de résoudre des problèmes individuels i.e. ceux des unités de production ou de consommation. Si la recherche dans les établissements supérieurs privés est presque inexistante, celle faite dans les entreprises est comptabilisable. Cependant, les améliorations réalisées ces dernières années sont à poursuivre et à intensifier pour que le Sénégal devienne une économie émergente.
Il est également à noter l’émergence d’une nouvelle forme de recherche privée qui est celle faite au sein des Cercles de Réflexion (Réservoirs d’idées), où de façon volontaire et gratuite, des citoyens réfléchissent sur des problèmes ou des choix cruciaux en vue d’apporter des éclaircissements et des solutions.
Pour que la recherche aboutisse, elle doit être financée. Le financement de la recherche est une question réelle pour tous les pays quel que soit leur niveau de développement. Le Sénégal n’est pas en reste.
Les organes de recherche devront intensifier leurs efforts pour trouver des ressources privées additionnelles. L’effort de financement public de la recherche, sous forme de subventions, de bourses ou de fonds, devrait se poursuivre : estimé à 0,37% du PIB en 2008 par la Banque Mondiale, il est en progression et nous espérons le voir atteindre l’objectif de 1% de 2017. Nous pouvons cependant noter un début de réponse par la mise en place d’actions correctives.
La politique publique a défini les secteurs tels que l’agriculture, l’élevage, la pêche, l’eau, l’énergie comme prioritaires pour le développement et la lutte contre la pauvreté. Ainsi, des instituts tels que l’ISRA (Institut Sénégalais de Recherche Agricole) l’ITA (Institut des Techniques Alimentaires) contribuent depuis très longtemps au développement agricole et agro-industriel. La recherche agricole est en pleine expansion avec l’implication de partenaires privés et de multiples type de financement. La résultante sera, nous l’espérons, une réduction de l’insécurité alimentaire. Les innovations réalisées dans ce domaine ont certes contribué à la construction de la capacité innovatrice du Sénégal si l’on se réfère aux résultats GII.
I-b Lien entre recherche et qualité
Le Rapport Général de la CNAES est en soit un bon début de réponse aux problèmes de l’Enseignement et de la Recherche dans la mesure où il dresse un état des lieux et conclut à la formulation de recommandations[4]. Ce diagnostic devrait être une première étape dans la démarche stratégique. Pour que le Sénégal maintienne sa place de premier pays d’Afrique Subsaharienne en innovation, il faudra passer à l’étape suivante, i.e. à la mise en œuvre de réformes prioritaires et l’implémentation d’actions d’urgence en vue d’un enseignement de qualité et d’une recherche efficace. Aujourd’hui, la nécessité d’adopter une démarche qualité est une évidence pour la majorité des organes de gouvernance et des établissements d’enseignement supérieur. Les résultats attendus d’un enseignement supérieur de qualité sont considérables, en particulier, un impact positif sur la capacité à innover et à produire des biens et services à haute valeur technologique. Les résultats escomptés d’une recherche efficace se résumeraient à l’amélioration du niveau de vie des sénégalais. A terme, l’idéal serait de produire le cercle vertueux enseignement supérieur de qualité- recherche efficace pour la résolution des problèmes sociaux-économiques.
I-c Quels sont les avantages technologiques source d’innovations au Sénégal ?
Une des grandes nouveautés du rapport de classement GII est que « des signes encourageants émergent en Afrique Sub-Saharienne qui comble son retard et dépasse cette année, la zone Asie Centrale et Sud sur trois piliers de l’innovation : les institutions, la maturité de l’environnement des affaires et la production créatrice». Premièrement, le cadre institutionnel totalise un score de 54,3%, soit le meilleur parmi les cinq facteurs considérés pour l’estimation de l’indice. Ceci est la traduction de la capacité du pays à formuler et à implémenter une politique d’ajustement du cadre institutionnel et légal. Citons en exemple, la réforme des institutions[5] en cours au Sénégal. L’amélioration de l’indicateur institutionnel, prouve que les reformes ont contribué à une plus grande confiance pour le développement des affaires, la stabilité politique aidant. Une des résultantes de cet état est l’amélioration du marché des capitaux, qui s’est faite de façon significative (estimation en 2015 par le GII) grâce à l’effet de levier induit par le volume important de prêts accordés par les organismes de micro-finance[6]. La disponibilité des crédits et autres sources de financement contribuent à une augmentation des investissements. Troisièmement, l’Afrique Subsaharienne réalise une progression significative en matière de résultats de l’activité technologique en dépassant la plupart des pays de la sous-région. C’est également le cas pour notre capacité à recourir aux NTIC pour créer des modèles de gestion et d’organisation. En revanche, il reste beaucoup à faire au niveau de l’investissement en capital humain et dans la recherche : nous accusons un retard par rapport à nos voisins quant au financement de la R&D, la formation dans les domaines scientifiques et technologiques et enfin au niveau de la durée des études. Ces résultats sont corroborés par plusieurs sources, notamment, par le rapport CNAES et celui de la GII.
Au final, pour l’amélioration de notre capacité innovatrice, il nous faudra passer par la correction de nos points faibles, puis par la mise en œuvre des solutions préconisées par les experts. Ainsi nous continuerons à donner une impulsion à la croissance et au développement par le biais de l’innovation. Ceci n’est pas une utopie. Sur le plan continental, le champion de l’innovation, l’Ile Maurice a déjà fait ses preuves dans ce sens et continue sur sa lancée en investissant dans sa première technopole, le BioPark Mauritius, qui se veut un organe de recherche pointue en biotechnologies d’envergure internationale.
II – La recherche et l’innovation en entreprise : une nécessaire implication de l’Etat et du secteur privé
Dans un article consacré à la politique industrielle au Sénégal[7] publié par le Think Tank Ipode, les auteurs proposaient :
- La mise en place d’un « crédit impôt innovation » et d’un « crédit impôt recherche » au Sénégal
- La création de clusters[8] en suggérant de mettre en synergie l’ADEPME[9], l’ASEPEX[10] et la Bourse Nationale de Sous-traitance et de Partenariat pour que ces agences jouent pleinement leur rôle de soutien et de conseil aux entreprises et associations d’entreprises.
- L’implication plus accrue de l’Etat dans l’investissement pour la recherche fondamentale mais surtout pour la recherche en entreprise afin d’augmenter la capacité d’innovation du Sénégal. Ceci, selon l’analyse des auteurs, passera nécessairement par l’augmentation de la capacité de conceptualisation et de création de produits innovants pouvant faire l’objet de brevets et de licences.
Toutes ces initiatives, mises en œuvre devront permettre de booster l’innovation au Sénégal. Pourquoi cela nous semble-il si important ? Parce que l’innovation est à l’origine du profit dans la théorie économique, du moment qu’elle permet de rendre les produits meilleurs et plus compétitifs sur le marché. Ainsi le degré d’innovation des économies est un facteur essentiel de l’émergence d’un pays. La recherche et le développement constituent donc un support non négligeable au service de l’innovation à travers du nombre de brevets déposés, de publications. On mesure la vitalité de la recherche et du développement, au nombre de brevets nationaux déposés, annuellement. Sur le continent, seule l’Afrique du Sud est capable de concurrencer les autres pays émergents. Notre ambition est de voir le Sénégal investir le domaine pour en être un acteur important à l’échelle africaine.
Pour la recherche fondamentale nous invitons l’Etat à s’impliquer davantage vu les coûts élevés de celle-ci car la plupart des entreprises ne peuvent financer un département de R&D qui plus est, les résultats n’auront d’impact qu’à long terme. Sur ce point l’exemple de la France est intéressant. La plupart des sociétés françaises, ayant un département de R&D, exploitent les découvertes protégées par des brevets ayant été effectuées à des laboratoires universitaires ou des laboratoires publics nationaux du type CNRS. Le Sénégal pourrait s’inspirer de ce modèle en créant des ponts de collaboration entre nos laboratoires et les entreprises surtout dans le domaine scientifique et l’agroalimentaire.
Les enjeux économiques du renforcement de la recherche scientifique au Sénégal sont donc très importants. Le travail devrait essentiellement porter sur la mise au point de procédés de fabrication et de produits, pour une industrialisation et un passage en fabrication. Par exemple, le secteur de l’agriculture qui nécessite aujourd’hui une plus grande motorisation devrait faire l’objet d’un investissement considérable pour la mise au point de machines-outils et d’intrants de qualité. Nous saluons l’action esquissée par le gouvernement déjà entamée dans ce sens. Comme on le note dans le RCSA 2014 (Revue Conjointe du Secteur Agricole) l’équipement du monde rural lors de la campagne 2013/2014 a permis l’acquisition de 16 800 unités (7 000 semoirs, 9 000 houes, 800 charrues) ainsi que des équipements motorisés (50 tracteurs équipés et 185 groupes motopompes). Ces équipements ont été exclusivement destinés aux exploitations familiales. Pour ce qui concerne les équipements motorisés acquis, 100% des tracteurs soit 50 unités ont été livrés aux producteurs du Sud, du bassin arachidier et d’une partie de la vallée et 92,43% des groupes motopompes soit 171 unités ont été cédés aux producteurs de la vallée du fleuve Sénégal. Ceci permettra d’atteindre l’autosuffisance alimentaire du riz et de passer à l’étape d’exportation de masse pour enfin renverser notre balance commerciale et celle des paiements. Et pour pérenniser ces investissements il faudra assurer leur maintenance et stimuler l’innovation dans le domaine de la recherche agricole entre autre.
En définitive, s’il y’a un autre aspect qui caractérise les pays émergents c’est bien l’industrialisation de leurs économies et sur ce point le Sénégal accuse un retard certain auquel il faudra remédier de façon urgente et efficiente.
III – Le rôle de l’innovation technologique en NTIC et l’urgence de la mise en place du volet Offshoring du PSE
Remarquons que la plupart des pays africains figurant dans le classement ont nourri et mis en œuvre un ambitieux programme pour le développement des infrastructures et des services technologiques à travers des technopoles de grande valeur ajoutée. On citera la Tunisie avec le Technopôle d’El Ghazala, le Maroc avec le CasaNearShore Park, l’Ile Maurice avec son BioPark Mauritius et l’Innovation Hub à Silvertone en Afrique du Sud. Le Sénégal en développant son offre d’offshoring, améliorera très sensiblement sa compétitivité dans ce domaine, d’autant plus que, les réformes de l’environnement des affaires sont très appréciées des acteurs du secteur et ont été efficaces comme en atteste notre classement au Doing Business ces dernières années.
A l’île Maurice, le ministre des finances a annoncé la construction de huit «smart cities[11]», pour renforcer et conforter leur place de leader. Le chantier de six d’entre elles, dont la phase II d’Azuri, devrait s’ouvrir incessamment. Ces «méga projets» sont, en fait, des technopoles estimés à 120 milliards Rs soit un peu plus de 2000 milliards CFA. Ce qui atteste de la volonté forte des pouvoirs publics mauriciens à faire de leur pays un hub international incontournable en matière d’offshoring.
Cette volonté des pouvoirs publics mauriciens devrait motiver nos autorités à accélérer le rythme dans la mise à disposition du technopole de Diamniadio qui devrait porter l’essentiel de l’offre offshoring du PSE. Diamniadio devra être conçu dans la volonté d’en faire une « smart city » de rang continental. L’idée n’est pas de reprendre exactement ce qu’offrent déjà d’autres pays tels que le Maroc, la Tunisie ou l’Ile Maurice, mais d’aller au-delà, en termes d’innovation et de niches de services, ces pays ayant déjà pris une longueur d’avance sur nous sur les activités classiques. Nous devrons surtout explorer le terrain de l’expertise en informatique logicielle ou beaucoup reste à faire dans notre continent en s’inspirant de l’expérience indienne qui elle-même est à parfaire. Plus précisément, il faut développer une expertise dans le secteur du développement mobile (Android, Ios, Windows phone). Dans ce domaine le marché est encore fécond, loin d’être saturé et la localisation du développeur n’y a aucune importance tant qu’il y a une grande capacité d’innovation. Aujourd’hui il suffit d’avoir l’étincelle d’idée dans les applications mobiles, de pouvoir mener les développements à terme pour avoir un marché de plusieurs millions de clients. Ainsi pour ne pas rester en périphérie, il faudrait aussi préparer davantage nos élèves, étudiants et entrepreneurs dans les domaines des Tics et à la création de start-up[12]. Par ailleurs, il faudra encourager la création puis le développement des starts-up et des clusters d’entreprises spécialisées dans les systèmes d’information, le digital et le développement à Diamniadio-smart city.
III-a Les révolutions possibles avec Diamniadio-smart City :
Les nouvelles technologies peuvent représenter un gisement potentiel d’emplois et de création de richesse surtout au Sénégal où le secteur des services représente une part importante de l’économie et où la capacité technique de développer de belles entreprises est largement présente. A titre d’exemple on observe actuellement un peu partout en Afrique une vague d’innovation technologique liée aux domaines du e-banking et du e-health[13] qui permettent à des populations auparavant exclues, de réintégrer la sphère des échanges et d’avoir accès à des services essentiels qui induisent un cercle vertueux sur la production globale du pays. Ces avancées sont d’autant plus intéressantes que le secteur des TICs par sa plasticité permet aux acteurs de développer des applications spécifiquement conçus pour répondre aux défis africains, certaines de ces innovations pouvant même faire l’objet de « reverse innovation [14]» prouvant ainsi leur capacité à être exportées ; Cependant pour faire éclore de tels succès la mise en place d’incubateurs regroupant en un seul lieu l’ensemble des ressources nécessaires aux entrepreneurs (ressources techniques, légales, administratives et financières) est une étape nécessaire. Diamniadio devrait avoir entre autre, ce rôle dans le dispositif de développement de notre offre offshoring. Un tel environnement par l’émulation qu’il suscitera sera un atout indéniable pour sécuriser les premières années de nos starts-up avant de permettre aux plus prometteuses d’entre elles d’atteindre la phase de scale-up ou elles pourront voler de leurs propres ailes. Une révolution dans nos méthodes de financement est aussi nécessaire pour favoriser la création de « venture capitalism ». C’est connu que les investissements dans les starts-up sont bien plus risqués que les investissements traditionnels consentis par les banques commerciales, pourtant avec un retour sur investissement plus élevé pour les starts-up. Les banques commerciales sont donc peu enclines à soutenir les projets des starts-up. Il est donc nécessaire de favoriser légalement et fiscalement la mise en place de fonds de « venture capitalism » dédié aux starts-up des TICs qui ont des modèles de financement en adéquation avec le profil de risque des jeunes pousses ainsi qu’avec leur timeline spécifique.
III-b La nécessité d’aller plus vite dans la mise en place de l’offre offshoring du PSE
Le pouvoir politique en place semble convaincu de l’importance des enjeux liés au développement d’une “offre Sénégal” dans l’offshoring des services informatiques et de BPO[15]. Notre pays a un avantage concurrentiel sans conteste dans ce domaine qu’il faudra saisir. Cela engendrera des milliers d’emplois qualifiés. Ce serait une vraie bouffée d’oxygène pour notre politique d’emplois. Nos pouvoirs publics semblent avoir la conviction et la volonté de le faire. Seulement la mise en œuvre tarde à se concrétiser. Même si certains signaux nous avaient bien rassurés:
– l’arrivée de l’entreprise d’Atos, avec un premier staffing de plus d’un millier d’emplois annoncés par son président Thierry Breton en Janvier 2015. Pour cette année et à l’horizon 2019 Atos table sur une dizaine de milliers d’emplois créés.
– La participation de la BAD au volet offshoring à hauteur de 60 milliards de francs pour le parc technologique numérique de Diamniadio[16]
– L’évocation du « volet Offshoring du PSE » au plus haut niveau de l’Etat[17].
Il serait donc urgent que notre pays accélère la mise en place d’une offre concurrentielle face au remodelage de la carte offshoring mondial. Les études du Think Tank Ipode sur le sujet aussi satisfaisantes qu’elles soient ont leurs limites dans le temps car ce secteur très dynamique est sujet à des changements continuels.
Conclusion
Au final, nous militons pour l’implémentation des différentes recommandations faite le long de cette analyse en vue du renforcement de la place du Sénégal en matière d’innovation en Afrique Subsaharienne. A terme nous pourrions aspirer légitimement à être champion continental. Le Sénégal a encore plusieurs cartes en main pour jouer dans la cour des grands, ceci passera également par d’autres réformes d’envergure et la mobilisation de financements considérables pour l’élaboration des éléments clefs du succès de l’activité offshoring. Nous en attendons une plus grande capacité d’innovation et une hausse de l’emploi des jeunes dans notre pays. Sur l’échelle du continent le recul de la corruption et du clientélisme dans la mise en œuvre des politiques publiques, le renforcement de l’état de droit et la prise en compte de la bonne gouvernance sont des facteurs qui fondent notre espoir de voir le continent prendre un nouvel élan vers la prospérité, la paix sociale stable et durable.
Par Mohamed Ly Ingénieur Miagiste spécialiste en Organisation et en système d’information – &
Dr Fatimata Ly-Baro – Docteure en Finance de l’Université Paris-Dauphine
Experte en Intelligence Stratégique et Assurance Qualité
Pour le Think Tank Ipode
[1] Ce classement Global Index Innovation 2015, GII, est réalisé conjointement par l’Université Cornell, l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI) et L’INSEAD. Il passe en revue 141 économies du monde entier, en se fondant sur 79 indicateurs de la capacité d’innovation d’un pays, dont la valorisation du capital humain, l’investissement dans la recherche, le perfectionnement des entreprises et les résultats dans le domaine de la création. Le Sénégal occupe le 6ème rang à l’échelle africaine devant le Botswana et le Kenya et derrière L’Île Maurice, qui occupe le 1er rang à l’échelle africaine suivie de L’Afrique du Sud, des Seychelles, de la Tunisie et du Maroc.
[2] Extrait de l’entretien de Mokhtar Diop vice-président pour l’Afrique de la Banque Mondiale au journal Libération : http://www.liberation.fr/evenements-libe/2015/10/05/l-afrique-peut-aller-plus-loin-et-plus-haut_1397786
[3] Ces travaux ont été dirigés par le Professeur Souleymane Bachir Diagne.
[4] Le Rapport General de la CNAES fait un état des lieux et conclut sur 78 recommandations, dont 15 spécifiques à la recherche.
[5] Réforme des institutions à laquelle le Think Thank IPODE a contribué en publiant une note reprenant ses 35 propositions
[6] Sur ce dernier point, le Sénégal dépasse d’au moins de 10 points la moyenne sous régionale.
[7] Article intitulé : «Sénégal : Pour une nouvelle politique de développement industriel innovant » http://thinktank-ipode.org/2013/10/21/senegal-pour-une-nouvelle-politique-de-developpement-industriel-innovant/
[8] Le cluster est un ensemble de décideurs qui créent et entretiennent un système relationnel leur permettant d’augmenter leurs opportunités d’affaires et de croissance. L’intérêt premier du cluster est de détecter dans son environnement les facteurs favorisant sa croissance
[9] Agence de Développement et d’Encadrement des Petites et Moyennes Entreprises
[10] Agence Sénégalaise de Promotion des Exportations
[11] Wikipédia définit une ‘smart city’ comme une ville utilisant les technologies de l’information et de la communication (TIC) pour « améliorer » la qualité des services urbains ou encore réduire ses coûts. Ce concept émergent — dont les acceptions sont mouvantes en français — désigne un type de développement urbain apte à répondre à l’évolution ou l’émergence des besoins des institutions, des entreprises et des citoyens, tant sur le plan économique, social, qu’environnemental.
[12] Jeune entreprise innovante, dans le secteur des nouvelles technologies appelée aussi jeune pousse.
Les starts-up sont particulièrement représentatives de la « nouvelle économie », dont l’essor va de pair avec celui de l’Internet. La pérennité et la croissance de ces firmes étant encore aléatoires, elles bénéficient de sources de financement spécifiques. Ce sont des sociétés de capital-risque qui collectent les fonds nécessaires au développement de l’entreprise ; elles sont associées à sa gestion et se rémunèrent quand elle a atteint sa maturité
[13] Ensemble des technologies de l’information et de la communication (TIC) appliquées à la santé
[14] Ce terme désigne les conceptions faites dans les pays émergents par des équipes locales, initialement pour répondre à des besoins locaux et qui s’inversent pour être produits et adaptés ensuite aux pays riches.
[15] Business Process Outsourcing : Selon l’EOA (European Outsourcing Association), le BPO (Business Process Outsourcing) peut être défini comme la délégation d’un ou plusieurs domaines d’activités, fonctions ou processus de l’entreprise à un fournisseur extérieur et indépendant de son client
[16] Annonce faite par le ministre des télécommunications en Décembre 2014.
[17] Bien qu’il n’y ait aucune littérature publique sur le volet offshoring dans les documents officiels du PSE.
1 comment
Je salue le travail des auteurs. Je reste persuadé que c’est la bonne démarche : les élites doivent, dans une démarche prospective, réfléchir et produire des mémos à l’attention des décideurs étant entendu que les meilleurs éléments ne sont pas forcément ceux qui sont aux affaires.
->Sur le volet offshoring, je partage 100% votre analyse. J’y ajoute qu’à mon humble avis, l’Etat peut se positionner en facilitateur : seulement 11% des transferts de la diaspora (800milliards) sont imputés sur le poste d’investissement productif, il s’agirait de construire une offre offshoring pour la Diaspora qui par ailleurs regorge un vivier d’expertise dans ces domaines, cela couterait 0 FCFA à l’Etat, il faut simplement organiser la filière, faciliter le retour des volontaires et surtout appliquer une discrimination positive dans les marchés de l’Etat.
->Sur le volet Recherche fondamentale : je note le vœux d’atteindre 1% du PIB à horizon 2017 (les meilleurs « élèves » mondiaux sont entre 2 et 3%). Je pense que cela est une bonne chose notamment en orientant les crédit sur les secteurs clés que vous avez cité (agriculture, eau, élevage, pêche, énergie). J’y ajoute qu’il peut être intéressant d’explorer la mutualisation de la recherche avec certains pays voisins qui ont également les mêmes problématiques concernant l’agriculture, l’eau ou l’élevage, cela ferait une cagnotte plus élevée avec une co-exploitation des brevets.
->Sur le volet émulation des startup TIC en les accompagnant vers le scale-up, je suis 100% d’accord cependant je fais observer que le capital humain est un déterminant essentiel et à date il y à 82% de gap entre l’offre de formation existante et les besoins économiques du pays, 31% des diplômés de l’enseignement supérieur ne sont pas insérés professionnellement il y a là donc la Reforme indispensable à mettre en œuvre pour créer une Elite économique qui seront des entrepreneurs des startupeurs qui vont densifier le pays en PME-PMI