Les aveux passés par Lamine Diack, ancien président de la fédération internationale (IAAF), mis en examen pour ”corruption passive” et ”blanchiment aggravé”, face aux enquêteurs de l’Office central de lutte contre les infractions financières et fiscales révélées dans le journal Le Monde du 18 décembre 2015 ont remis au goût du jour l’épineuse question du financement des partis politiques au Sénégal. Ce dernier ayant affirmé avoir reçu cet argent pour financer la campagne présidentielle de 2012 de certains candidats. Cette question de l’encadrement du financement des partis politiques nous l’avons traité en partie en Janvier 2013 dans un article intitulé « il faut oxygéner notre démocratie dans un consensus large » que nous reprenons partiellement ici pour remettre à jour les pistes et propositions que nous avions dégagées.
La prolifération des partis politiques et leur nombre élevé, nuit à la bonne lecture de l’offre politique dans notre pays et donne aux citoyens un sentiment de pléthore et de cacophonie nuisible à la chose politique et à aux programmes socio-économiques des partis qui proposent tous le redressement de notre pays. Par ailleurs nous ne devrons pas perdre ce dynamisme politique que témoigne cette envie de création de partis au passage, dynamisme que nous devrions garder au sein de notre démocratie pour le renouvellement des élites et des idées. Il ne faudra pas dénaturer la question pertinente sur cette question, qui est selon nous la suivante : « Comment faire pour rationaliser les acteurs politiques au Sénégal et leur faire jouer enfin le rôle que toute démocratie attends d’eux ». A cette question aucune réponse dogmatique ne saura être efficace. Seule une vraie concertation entre acteurs politiques avec la volonté du Président de la République de s’attaquer à la question pourra nous faire avancer. Et il est urgent qu’on innove sur ce sujet et que la classe politique prouve enfin qu’elle est capable de se réformer !
Nous disions en Décembre 2013 : La prise en compte de cette question dans la globalité nous impose de nous pencher sur le financement des partis politiques et à leurs obligations vis-à-vis des citoyens et de la République. Il est donc urgent qu’on dote aux partis parlementaires, au moins ceux-là, de vrais moyens pour leur assurer un fonctionnement normal et digne de leur rang en espérant qu’ils seront jaloux de leur indépendance vis-à-vis des lobbies er de certains acteurs de la vie économique et publique.
Une de nos propositions est de doter aux partis représentés au parlement de 10 millions de CFA par député par an. Ce qui fera un budget 1 milliard 500 millions par an. Toute la nation aura participé à financer le fonctionnement des partis politiques et sera donc en droit de leur demander de façon effective de publier leurs comptes, d’organiser des congrès au moins chaque trois ans (le rythme pourra être discuté entre acteurs politiques dans un consensus), et de faire au moins une assemblée annuelle au sein des partis. Oui, cet effort aura une contrepartie contraignante pour les partis. Le même mécanisme pourra être utilisé pour une dotation calculée sur le nombre d’élus locaux. Avec cette mesure, les partis représentatifs pourront aisément organiser des journées de réflexion en réunissant des experts pour les problématiques qui les intéressent selon leurs orientations idéologiques et selon leurs agendas.
Dans le cadre du financement des partis, il serait aussi intéressant de mettre en place une incitation plus grande au financement par les citoyens et par les entreprises de droits sénégalais en octroyant des réductions d’impôt conséquentes à ces derniers. Au-delà de la transparence, croyez-nous chers compatriotes cela aura un effet révolutionnaire dans le fonctionnement des partis. Les quelques deux à trois personnes qui assurent aujourd’hui le financement des partis verront leur prépondérance naturellement réduite et cela bouleversera les processus de décision au sein des organisations partisanes dans le bon sens et permettra des débats plus sains et un fonctionnement vertueux en leur sein. Comme nous l’avions dit plus haut, nous sommes persuadés que le personnel politique ne sera pas réticent à cette réforme à laquelle nous invitons. Pour dire vrai, les cadres de toutes les formations politiques sont demandeurs de ce type d’innovations et ont des propositions innovantes, révolutionnaires sur le sujet, il suffit de les solliciter pour que des pistes brillantes nous soient proposées. Et nous sommes dans le temps politique le plus propice qu’on ait connu depuis toujours pour réussir cette mue. Si le Président de la République appelle à une conférence politique entre les partis et leur demande des propositions en leur donnant au préalable des orientations claires et une feuille de route, il en sortira un consensus sur le financement et les obligations des organisations politiques profitable à notre vie démocratique. Et le ministère de tutelle pourra avoir un suivi plus strict de ces organisations en toute équité vis-à-vis de toute la classe politique sans qu’aucune sanction ne s’apparente à de la cabale, car les règles auront été consensuelles. Les partis devront se conformer donc à la loi sous peine de dissolution pour ceux qui ne la respecteraient pas.
Une autre innovation nous semble nécessaire, dans le souci de donner aux partis les moyens de leurs missions. Comme à l’instar des zones franches pour les industries, ou des maisons des syndicats dans un pays comme la France, il serait intéressant de doter à nos partis des locaux mutualisés et équipés pour leur permettre d’avoir une efficience organisationnelle et des infrastructures de qualité pour qu’ils se concentrent un peu plus sur leurs missions d’éveil citoyen et de formation. Croyez-nous chers compatriotes, la classe politique en sortira avec un blason redoré et dans quelques années on sera fier de leurs productions et de l’évolution vertueuse de leur fonctionnement. C’est un pari que nous prenons !
Un autre point intéressant non moins important sera de solutionner cette effervescence au ministère de l’intérieur que tous les partis politiques connaissent et depuis longtemps, à la veille de chaque dépôt de liste de candidature. Il est temps que les experts des questions électorales s’y penchent et proposent une solution opérationnelle à ce problème. Pour qu’on aboutisse au dépôt des candidatures au ministère de l’intérieur de la façon la plus sereine plusieurs jours avant les clôtures de dépôt. La sanction des politiciens roublards qui se retrouve dans des marchandages qui les font figurer sur plusieurs liste devra être exemplaire.
Au-delà de la question de la pléthore de partis politiques, et de la sérieuse question de leur financement c’est notre démocratie qui demande à être oxygénée et il serait révolutionnaire que les acteurs politiques s’y accordent sous l’impulsion du chef de l’état. Une étude sur la question avait été menée par le Pr El Hadj Mbodj à la demande de l’ancien Président Abdou Diouf ; mais les conclusions avaient été enterrées par le Président Wade. Nous proposons de partir des conclusions du rapport du Pr El Hadj Mbodj pour gagner en temps et en efficacité.
Mohamed LY – Président Think Tank Ipode