Au regard du fonctionnement actuel de cet ordre, certains Sénégalais qui en sont totalement exclus, sont parfaitement et légitimement en droit de se demander, si celui-ci, n’est pas en fin de compte, l’apanage exclusif ou domaine réservé à une catégorie privilégiée de Sénégalais particuliers, dans la République? En effet, le constat, que nous avons fait, établit incontestablement et quasiment, que, seuls : les agents et fonctionnaires de l’Etat, les célébrités et distingués en sport…, les hôtes étrangers, les amis et copains proches du pouvoir sont les bénéficiaires habituels et permanents de cette distinction. Est-ce que cela voudrait dire, que seuls ceux-là sont les méritants de la nation ? Et non les autres, comme cela se devait au regard du terme inclusif, national, qui est une précision de taille, englobant tous les citoyens sénégalais remplissant réellement les critères d’exploit, de record singulier ou collectif. Par conséquent, de vrais méritants sans exclusif alors et non du « ya ma nex ».
En nous fondant sur la façon dont cet ordre fonctionne depuis sa création jusqu’à présent, il est évident qu’il y a beaucoup d’anomalies et d’impairs qui relèvent d’injustice et d’inégalités sociales persistantes. Voilà pourquoi, nous pensons, qu’il est devenu à présent impérieux de rompre résolument et façon absolue avec cette pratique sociale injuste et surannée. En procédant à des réformes et innovations adaptées à une justice sociale irréprochable. Ceci, dans un esprit d’émulation et de saine compétition entre tous les fils de ce pays. Surtout et dans la mesure où, il est question ici, de récompenser ou d’honorer un exploit ou record exceptionnel, au bénéfice ou pour rehausser l’audience de la nation sénégalaise. Ce qui donc devrait prévaloir, c’est de mettre tous les Sénégalais au même pied, et de leur donner les mêmes chances. Ainsi, celui qui le voudrait, prendrait volontairement part à une compétition amplement ouverte à tous sans exception. Et pourquoi pas, de prétendre à cette décoration, sur la base de ses propres capacités, efforts et performances éventuelles.
Cet ordre est défini ou caractérisé officiellement, comme suit : « L’ordre national du Lion du Sénégal est une décoration sénégalaise. Elle est la plus haute distinction sénégalaise, l’ordre distingue en temps de paix, 15 ans de services civils ou militaires, ou 20 ans d’activités professionnelles.» Ces critères – une simple durée de service sans qualification ou performance particulière- de notre point de vue, sont vraiment très insuffisants et éloignés d’être un exploit ou record exceptionnel, pour donner droit à une décoration, considérée comme la plus haute distinction nationale.
Il est dès lors clair, que sur la base des actuels critères, tout citoyen sénégalais qui remplit ces conditions précitées, est en droit de s’attendre légitimement à cette distinction. Mais concrètement, dans les faits, ceci est loin d’être le cas et respecté à la lettre. Sinon, pourquoi dans ces conditions-là, un travailleur du secteur privé ayant effectué 25 ans, 30 ans, 35 ans de loyaux services, voire plus, titulaire d’une médaille du travail en argent, or et merveille, ne devrait pas être élevé légitimement, et décoré de l’ordre national du Lion du Sénégal? Ceci, n’est-il pas une injustice inqualifiable et impardonnable, et un véritable paradoxe inexplicable entre des citoyens d’une même république ?
Alors que dans le même temps, on élève au grade de chevalier, commandeur, etc., d’illustres inconnus au plan national, totalement, hors du cadre défini par la loi fondatrice de l’Ordre National du Lion. Nous avons encore là, une des preuves manifestes des inégalités sociales persistantes, que nous ne cessons de dénoncer toutes ces années. Elles sont malheureusement reconduites, machinalement et mécaniquement, parce que la seconde alternance n’a pas respecté ses promesses, en rompant radicalement avec les pratiques injustes et inégalitaires des régimes passés.
Le dernier cas frappant, de décoration de l’ordre national du Lion du Premier ministre, est incontestablement le plus flagrant et frustrant parmi toutes. Cette décoration, n’était point opportune, ce n’était pas aussi le moment, et moins encore, l’urgence d’un tel acte n’était pas fondée du tout. Surtout, pour quelqu’un, qui vient juste de faire un an révolu dans la fonction de Premier ministre, ne présente pour l’instant, aucun bilan palpable positif, donc, n’a fait aucun exploit ou record exceptionnel. Par conséquent, logiquement et objectivement, sur quoi, s’est fondé le président pour décerner une haute distinction à un tel Premier ministre, qui reste pour le moment au milieu du gué ? Personne, sauf peut être, le président de la République, ne comprend et ne peut justifier les raisons valables qui président à la décoration, d’une distinction si élevée. En tout état de cause, les seules et propres raisons ou motivations supposées du président, injustifiables du reste auprès des Sénégalais, ne peuvent être, probablement, que sentimentales ou de la complaisance pure et simple.
La décoration de l’ordre national du Lion doit rimer, en principe, en plus de la durée du service avec: un exploit, record, acte de bravoure, une distinction, performance, etc., le tout à caractère national ou international et exceptionnel. Les faits doivent être aussi avérés et attestés par tout le monde. Donc, non par complaisance, ni de se fonder sur des sentiments d’amitié, de proximité, de parenté ou de la simple durée de la carrière du récipiendaire, qui, parfois est terne et entachée de malversations de toutes sortes.
Cet Ordre est dans une situation discriminatoire inacceptable ! Et, il est temps de mettre fin de manière absolue à cette discrimination injuste à l’endroit de la majorité des Sénégalais. Une discrimination, certes qui ne dit pas son nom, mais, se pratique encore à outrance entre les citoyens sénégalais. Par conséquent, il faut réparer dès maintenant cette inégalité entre les citoyens, qui n’a que, assez duré, et rétablir la légalité et légitimité républicaine en faveur de tous les citoyens.
Ainsi, l’Ordre national du Lion doit concerner tous les Sénégalais sans exclusive. Il faut en déterminer seulement les critères objectifs nets et clairs à équidistance entre tous les citoyens ayant-droits, qui devraient et pourraient dorénavant y prétendre. Des critères tels que :
- Un exploit exceptionnel dans un domaine professionnel précis donné ;
- un record jamais égalé dans :
La production agricole d’une spéculation donnée, comme par exemple la récolte individuelle d’un paysan en tonnage de riz, d’arachide, de maïs, de coton, de mangues, de mangroves, etc.
La production et reproduction animale, comme le croisement de races pour arriver à l’autosuffisance en lait et viande, plus l’amélioration qualitative des espèces locales, etc.
La production halieutique, la pêche en toutes espèces ainsi que ses dérivés, bien entendu, etc.
- un acte de courage exceptionnel, dont l’auteur aura même risqué sa propre vie, pour en sauver une autre ;
- Une équipe sportive championne du monde dans une discipline donnée ;
- Un Gestionnaire d’importants fonds qui n’a jamais, eu de trou et fait de détournement, durant toute sa longue carrière de 20 ou 25 ans par exemple ;
Naturellement, cette liste n’est pas exhaustive. C’est, pour vous dire que tous les acteurs des domaines d’activité de notre société sont concernés. Mais, fondamentalement, le caractère exceptionnel et positif du fait doit être la règle principale immuable. Et, évidemment sans exclusive pour le décompte, dans une parfaite et rigoureuse organisation, fondée essentiellement, sur le respect strict de légalité républicaine et de la justice sociale.
Mandiaye Gaye