En initiant ce référendum qui semble le conforter, Tsipras aura su déjouer la stratégie qui a été déroulée contre Morsi (Egypte). Il a réactionné la démocratie en invitant son peuple à s’exprimer sur la question du remboursement de la dette, avant que celui-ci ne soit acculé par la pression sociale et le désarroi. De ce fait Tsipras avec Syriza reprennent la main sur ce rapport de force qui leur est imposé, ils reprennent aussi de la légitimité.
Rappelons que les créanciers ont accordé à la Grèce, depuis 2010, 240 milliards d’euros d’aide ou promesses de prêts, mais n’ont rien versé depuis près d’un an.
Dans ce monde, le marché ou les puissants de la finance punissent, s’ils le peuvent, les peuples qui ont osé porté aux affaires les leaders qui leurs sont hostiles, du type Erdogan, Morsi, Syriza, Podemos, Chavez etc… Les peuples sont avertis et ils ont donc l’obligation de soutenir leurs dirigeants légitimement élus en toute transparence quelque soit les pressions exercées sur eux. Il y va de la dignité et de la légitimité de faire respecter leur choix souverain. L’Espagne devra faire très surement les frais de son choix sur Podemos.
On se rappelle que tout ce qui a été refusé comme aide à Morsi “l’islamiste” a été accordé à son successeur. Après que les puissants aient validé le coup d’état contre l’expression démocratique du peuple Égyptien. La sphère de la finance piétine la démocratie. Bientôt la démocratie sera une farce dans ce monde si ces pratiques des puissances financières au cœur de l’occident ne s’arrêtent pas. En 2008 c’est la France qui contournait le “non” de son peuple contre la constitution européenne pour l’adopter par son oligarchie politique sous le forcing de Nicolas Sarkozy avec l’aide des députés PS, 336 voix contre 52.
Ce qui est important de préciser, c’est que les dirigeants de la Grèce ne refusent pas de payer la dette de leur pays et ils ne rejettent pas leur appartenance à l’Europe mais ils demandent légitimement que les efforts du peuple grec soient reconnus et que la promesse européenne soit respectée par rapport à la restructuration de leur dette en cas d’excédent primaire. Comme le rappelle l’économiste français Thomas Piketty “la Grèce est le pays qui, entre 2009 et 2014, a le plus réduit son déficit en Europe”. Il est aussi important de rappeler que la Grèce est en excédent primaire depuis 2014, ce qui veut dire que les grecs paient plus d’impôts qu’ils ne dépensent dans leurs dépenses publiques. L’option de la Troïka qui cherche toujours à faire payer les mêmes c’est à dire le bas peuple et d’épargner les riches et les grandes fortunes au sein de l’économie grecque est humainement et économiquement inconcevable et contre productive pour la paix sociale.
A moins de déclarer la guerre à la Grèce, Tsipras à remis d’autorité la démocratie et la gauche au cœur de la marche de ce monde qui devient fou par sa cupidité et par son manque d’humanité et de solidarité et ce sera le cas tant qu’on se pliera aux exigences du marché, des banques qui ne savent que vendre de l’argent pour en tirer des bénéfices. L’Argentine a su se passer du FMI pour pouvoir s’en sortir et rembourser toute sa dette avec dignité. C’est un bel exemple. Il faut que les politiques reprennent leur rôle, qu’ils collent aux aspirations de leurs peuples et défendent l’intérêt général avec au moins autant de conviction que les organisations financières savent le faire pour la défense de leurs intérêts financiers. Maintenant la question va au delà de la seule dette en Grèce. Il sagit de voir comment rétablir l’économie Grecque et il faut le dire, que depuis cinquante ans cette économie est asphyxiée et ne se développe pas sur des fondamentaux économiques normaux et sains avec une complicité de l’Europe jusqu’à la dernière crise financière.
Mohamed Ly
Président Think Tank Ipode
9 commentaires
Victoire de la dignité face à la cupidité
L’universalisme démocratique tel que voulu par les puissances occidentales est en soi une farce. Ce n’est plus à démontrer. Ce serait bien si c’est la Grèce qui nous rappelle que chaque peuple a son agora digne de ses réalités. Malheureusement on ne tirera pas une leçon définitive de cette histoire…..
HOLLANDE ne pouvait espérer meilleure situation pour se repositionner , MERKEL avait fini par régner en maître dans ce couple Franco-ALLEMAND .
L’Allemagne a pesé de tout son poids sur les mesures d’austérité sur l’Espagne , le Portugal , et s’est montrée inflexible avec la Grèce et , a même parfois titillé la France sur les rigueurs budgétaires , je pense qu’on revient à une situation plus équilibrée de l’Europe politique .
Quels leçons tirons de ce referendum, nous africains qui avons connu des plans d’ajustement aux effets dévastateurs?
La liberté demande de la vertu et de l’audace» (Alexis Tsipras, 3 juillet 2015)
Toute politique économique qui ne prenne en compte les répercussions sur l’humain est vouée à l’échec. Tsipras a été intelligent en faisant légitimer sa vision des choses par le peuple souverain grec. Ly,tu te souviens bien de l’adage ivoirien bien connu au PMS: “Cabris mort n’a pas peur de couteau”. Comme les Grecs avaient déjà bu le calice jusqu’à la lie,ils avaient la capacité de faire face.
La démocratie est une grande farce depuis longtemps mais comme rien de meilleure n’a été trouvé à sa place on s’y accroche
Bien cher Ami,
Votre article est très fascinant car il montre la prouesse des leaders grecs qui ont su réaliser l’arrimage temporel du temps social démocratique au temps politique, ce qui n’est pas évident, pour évacuer une question économique ponctuelle.
Il serait tout aussi intéressant de développer la portée philosophique de cette panacée grecque qui du reste semble opérante.
Cordialement,
Mouhamed Mboup
Quelles que soient les pressions exercées, LY BOUSSO!
Mais où sont-ils, les sachants de la BCEAO? Pourquoi se tiennent-ils à carreau sur ces sujets que bien d’entre eux maîtrisent à merveille ?