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A propos des médias au Sénégal, quelle solution juste et durable ?

Par Moha

Le problème des médias au Sénégal, à partir de l’Alternance 2000, a pris une tournure tout à fait contraire à leurs missions propres, dont celle d’informer vrai et largement les populations, ainsi que leur éducation dans le sens large.  En effet, maintenant ce sont des politiciens véreux encagoulés et des affairistes  aux ambitions politiques dissimulées, complices et suppôts des pouvoirs en place, qui ce se sont accaparé des groupes de médias, à des fins politico-commerciales. Voilà pourquoi, nous sommes à présent envahis, pour la plupart en tout cas, par des médias téléguidés et commandités par des politico-affairistes dont l’objectif principal, n’est rien d’autre, que d’acquérir le Pouvoir  ou de l’influencer pour les uns, et pour les autres de le contrôler à travers des médias puissants qui désinforment et abêtissent les populations. Ainsi à l’arrivée, nous avons des médiats  qui excellent plutôt  dans la désinformation, l’obscurantisme, les insultes, les calomnies, les diffamations, la manipulation de l’opinion, les forfaitures indécentes de toutes sortes et autres faits divers de bas étage. Par conséquent, nous obtenons tout le contraire des médias dignes de ce nom et  qui s’adossent sur un professionnalisme à toutes épreuves et les principales missions qui leur sont dévolues, en s’appuyant  bien entendu sur des professionnels aguerris, dignes, aptes et intègres, qui ne s’écartent et ne négocient à aucun prix, la déontologie de leur profession.

 

Mais, il est évident que des médias qui  se trouvent essentiellement entre les mains de politiciens véreux et des affairistes en mal de succès économique, ne peuvent se référer objectivement et fondamentalement aux valeurs intrinsèques, de médias au service du public, qui ont pour vocations premières, d’informer et d’éduquer les populations.  Il n’y a aucun doute, que de tels gens n’ont cure de la déontologie d’une profession,  quelle qu’elle soit. Et surtout, quand justement, ces derniers ont usurpé leur fonction, pour des raisons étrangères, précisément politiciennes. C’est dans cet objectif peu  orthodoxe et honorable, que certains hommes politiques, responsables au sommet de l’Etat, de connivence avec des hommes d’affaires sans scrupule, ont convenu de manipuler les médias en les détournant de leur objectif,  et de prendre en otage leur personnel voire les populations. Ils transforment ainsi  ces médias en centres de conspiration, pour salir d’honnêtes citoyens, casser des adversaires et opposants politiques empêcheurs de tourner en rond, à défaut de les faire chanter. Ces gens, qui contrôlent malheureusement la plupart des  médias aujourd’hui, emploient ces moyens non conventionnels et disproportionnés, pour se battre déloyalement en politique, par presse interposée.

 

Il est certes vrai, que ce genre de presse de caniveau a pris naissance sous le régime socialiste, mais il faut reconnaitre tout autant que, c’est sous celui libéral que son nombre a pris des proportions démesurées  et augmenté  de façon exponentielle, à l’image  actuellement des partis politiques, des syndicats et autres organisations en tous genres qui foisonnent.  Telle une marque indélébile, chez Me Wade, tout  est fait à la démesure et  à l’exagération. Il est un véritable adepte de la folie des grandeurs. Et, c’est ce qui le poussait d’ailleurs à violer constamment nos lois et à enfreindre l’ordre et la préséance dans la République. L’illustration la plus éclairante de la pratique  de manipulation des médias  afin de les détourner de leurs missions primordiales, nous a été administrée incontestablement par Me Wade, président de la République et chef de parti politique. Ainsi, au-delà de s’être accaparé quasi exclusivement des médias publics (RTS et Lesoleil) –comme ses prédécesseurs-, c’est sous sa houlette et par son appui financier consistant, que certains médias ont été créés, comme l’a bien affirmé le principal responsable de Canal-Info news. Et sans l’ombre d’un doute aussi, c’est à l’évidence, avec l’argent du contribuable sénégalais, que beaucoup de titres, farfelus et à son service exclusif, ont pu voir le jour. Me Wade, aurait également en son temps, impulsé, favorisé  et soutenu financièrement la publication de beaucoup de feuilles de chou, qui n’ont d’ailleurs pas pu survivre au-delà de sa défaite cuisante. Le cas de CD-Média, qui défraie la chronique  en ce moment, ainsi qu’AN Média seraient des groupes de presse qui  appartiendraient à Karim Wade, selon leurs principaux dirigeants, et ses plus proches collaborateurs. C’est  encore là, une autre illustration de manipulation de la presse par un camouflage sophistiqué de prête-nom, pour cacher des visées politiques évidentes, et procéder à une concurrence politique déloyale par rapport aux autres acteurs politiques. Comment par éthique, un ministre de la République, à la tête de quatre départements ministériels, dans une République consacrée qui se respecte, a-t-il pu s’adonner et mener de telles activités souterraines, sans la complicité  ou plus exactement, l’aval du Chef de l’Etat, qui est de surcroit son père ? C’est une façon indécente de prétendre servir l’Etat !

 

Au total, l’on note effectivement que la plupart de ces médias d’un genre particulier, « traitent l’information » presque de façon identique, à savoir avec légèreté et sans recherche approfondie de preuves palpables à l’appui de leurs propos, et moins encore sans originalité.  Mais le pouvoir libéral n’avait cure de cela, bien au contraire, c’était une opportunité créée  de fait pour et par lui, dans le but de brouiller les cartes  dans les médias. A ce sujet, nous notons malheureusement, avec beaucoup de regret, cette absence de diversité dans le traitement de  l’information, comme également la spécialisation des médias, pour traiter des sujets relatifs à la littérature, aux arts et la culture, au  cinéma, à l’éducation, à la science, etc.  Cette situation à permis ainsi, la naissance de plusieurs patrons de presse, voulue par Me Wade pour des raisons obscures et politiciennes. Et parmi ceux-là, nous comptons des patrons de presse totalement étrangers à la profession, à côté certes, de quelques rares professionnels, mais très minoritaires.

 

L’aide à la presse, mais pourquoi et à qui ?

Au fond, cette aide, est-elle réellement destinée à la presse proprement dite, pour l’amener à fonctionner correctement et régulièrement, en toute liberté ? Ou plutôt, est-ce un simple cadeau annuel, offert aux patrons de presse uniquement, sans aucun préalable, à savoir leur laisser toute latitude d’en user, comme bon leur semblerait, en électron libre et sans aucune condition? En fait et en vérité, ces questions préalables, c’est l’Etat qui devrait légitimement et objectivement se les poser auparavant, avant de procéder à la distribution de ces primes aux patrons de presse, sans aucune distinction et clé de répartition transparente. Au fond, ceci ne devrait outre mesure étonner personne, car Me Wade, était totalement acquis à l’aide à la presse sans condition ce qui lui permettait de financer des groupes de presse et autres directeurs de journal qui roulaient pour son régime. C’est cette opportunité nébuleuse qui lui a permis de bien servir en toute légalité ses obligés sans se préoccuper de la transparence dans cette aide.

Il est vrai que la presse sénégalaise traverse des difficultés réelles et sérieuses de divers ordres. Elle les a criées sous tous les toits, et a  effectivement sollicité et imploré de l’aide auprès l’Etat pour  y faire face.  Ce qui est sur le principe tout à fait légitime et normal, dans la mesure où elle contribue à un service public et à l’effort d’une information plus large et plurielle. Mais est ce que l’aide fournie sous cette forme est une solution vraiment efficace face à leurs difficultés ? En principe, l’aide ou la subvention à la presse devrait être destinée exclusivement à résoudre les difficultés réelles et spécifiques du fonctionnement des médias en général et non à rien d’autre.

 

Mais ne nous voilons pas la face ! Il faut reconnaitre et admettre tout de même, que les difficultés sont naturellement inhérentes aux affaires économiques dans tous les pays du monde. Elles existent et sont  réelles d’ailleurs, dans tous les secteurs d’activité économique du pays. Donc, la situation difficile ou le climat de morosité économique à proprement parlé, ne concerne et n’est pas spécifique à la presse seulement.  Il faut quand même admettre que de manière générale, toute entreprise à caractère commercial est assujettie naturellement aux règles des risques, liés  à une exploitation capitaliste. Par conséquent, dans ce domaine, rien, au-delà de la nature de leur mission spécifique, ne différencie une entreprise de presse avec celle commerciale proprement dite, du point de vue capitaliste. Généralement, c’est un entrepreneur qui investi t un capital, dans le but de le faire fructifier, c’est aussi simple que cela. Alors, une  telle activité, à caractère commercial, comporte naturellement dans tous les cas, les deux pendants aléatoires que sont : la perte ou le bénéfice.

 

La vérité en fait s’agissant de la Presse, c’est qu’elle est une problématique casse-tête chinois en général. Alors, étant donné qu’elle est considérée à tort ou à raison, comme un quatrième pouvoir dans la société, elle est ainsi crainte comme la peste par les politiques véreux. Elle est également  redoutée par tout Pouvoir en place. Fort de cela, la presse a étalé sous Wade, un paquet de revendications, dont certaines sont dans une large mesure hors la loi et d’autres, ne concernaient pas l’exercice de la profession en tant que telle. Prenons-en quelques exemples : le bénéfice de la dépénalisation des délits de presse en faveurs des journalistes, ce qui ferait d’eux à priori, des citoyens ou justiciables intouchables, même en cas de délit avéré ; ou alors, le cas aberrant de l’extinction intégrale des impôts avoisinant près de sept milliards de francs CFA, que la presse devait au fisc ; l’exonération  des impôts à venir, etc. Et rien de tout  cela, n’est assorti de conditionnalités précises pour faire la différence. Alors que les patrons de presse eux-mêmes, ne demandaient qu’un moratoire et échelonnement de paiement de leurs dus. Mais le président de la République Macky Sall, contre toute attente et sans certainement prendre l’avis de son ministre des finances, a  tout simplement effacé toute la dette due à l’Etat par la presse, sans discernement des rubriques composant cette dette globale.

 

L‘impôt étant généralement  lié à un revenu ou bénéfice, par conséquent, en dehors de l’un ou l’autre, il ne devrait y avoir d’impôts dus. Cependant légalement, au plan fiscal, tout revenu ou bénéfice réalisé doit être soumis à une imposition. Voilà pourquoi, cette mesure, volontariste et inappropriée du chef de l’Etat, est économiquement inacceptable, injustifiable fiscalement et contraire à une gestion orthodoxe, transparente, efficiente, rigoureuse et sobre. En fait, ceci ressemble fort bien à de la corruption passive, pour être simplement dans les bonnes grâces de la Presse. Une telle générosité débordante du président Macky Sall à l’endroit de la presse, lors d’un copieux Ndogu présidentiel, dénote manifestement de fort belle manière, une gestion informelle et personnalisée des deniers publics de l’Etat, par son chef. C’est une pratique dangereuse et  inopportune. Le président de la République devrait formellement  s’interdire d’amadouer  de cette manière, un secteur d’activité quelconque de la République.

 

Il est effectivement avéré que la Presse est  une arme redoutable face aux citoyens, aux politiques, mais et surtout au Pouvoir en place. Il est ainsi très déplorable, que ceux qui la possèdent l’utilisent parfois outre mesure ou de manière non conventionnelle. Ceci pour faire chanter  ou obtenir satisfaction à leurs revendications dont  certaines, pas toujours justes. C’est d’ailleurs, grâce  à cette arme redoutée, qu’elle parvient  parfois à obtenir gain de cause, même au-delà de ses attentes les plus folles, comme dans le cas de la remise totale des impôts dus au fisc. A cet effet, elle est ménagée  et bénéficie d’un traitement de faveur exceptionnel,  de la part de tout ce beau monde, contrairement  aux autres secteurs d’activité économique. Ceci, pour ne pas dire qu’elle est courtisée  et chouchoutée par les Pouvoirs et hommes politiques en général.

 

S’il est admissible et bien concevable d’accorder de l’aide à la presse à cause de l’exercice d’une partie de la mission de service public qu’elle assume, il est tout aussi nécessaire de faire la part des choses, en soumettant absolument cette aide-là,  à certaines conditions préalables très précises d’octroi. On comprendrait par exemple  mieux,  que certaines mesures soient prises en faveur  des médias  pour les aider à accomplir correctement et sans difficulté, leur mission de service public et privé à la fois, comme par exemple:

 

  • L’exonération de certaines taxes douanières sur le matériel de bureau, d’imprimerie et les consommables qui rentrent dans la confection du journal, compte tenu de la non rentabilité de celui-ci, ceci qui lui permettra de moderniser ses équipements professionnels grâce à l’exonération de certaines taxes ou du bénéfice d’un taux préférentiel sur certains articles, etc. ;
  • Des facilités d’accès au téléphone et à l’internet de haut débit ;
  • La création d’une Centrale d’achat en gros pour éviter les ruptures de stock de papier et autres fournitures pour la Presse,
  • Exigence et priorité du payement obligatoire des salaires du personnel avant toute autre dépense, et ceci en confirmé avec la législation du travail et la convention des personnels de la Presse en vigueur ;
  • Mettre fin à la précarité de l’emploi du personnel de la Presse, un personnel, qui se trouve parfois à la merci de patrons de presse inconscients et hors la loi ; un personnel sans protection sociale garantie, ni du patron ni de l’Etat, et qui  est licencié à tout vent, sans que le patron n’ait  crainte d’aucune suite de sanction administrative ou judiciaire ; certains du personnel sont traités comme des journaliers, n’ayant presque aucun droit à l’exemple de cette animatrice d’un groupe de médias, qui a été virée pour avoir demandé simplement une augmentation de salaire ;
  • Mettre fin à la prolifération des médias bidon et de circonstance qui violent le cahier de charges ;
  • Faire bénéficier aux médias privés, une part de la publicité des services publics  de l’Etat etc.

 

Enfin, à propos des médias en général,  il nous semble  absolument impérieux  pour mettre de l’ordre dans ce secteur, de procéder à un contrôle et  suivi très rigoureux  de l’aide octroyée aux patrons de médias. Ce qui nécessite évidemment à cet effet,  la création d’une commission compétente, auprès de qui,  obligatoirement, un bilan fidèle et sincère de l’utilisation et l’exécution de l’aide reçue, serait présenté, avant de recevoir une prochaine aide. Egalement, d’autres mesures tendant à vérifier et à apporter toute la lumière dans l’utilisation cette aide à la presse conformément à l’esprit et  la lettre, pourraient bien être envisagées, pour  plus de transparence dans l’utilisation de l’argent du contribuable sénégalais remis à des tiers.

Mandiaye Gaye

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