Notre production industrielle a baissé de 8.5% selon l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd). Des contre-performances sont notées dans les industries mécaniques -30,5%, Chimiques -7,3%, des matériaux de construction -18,1%, Energie -4,6%, Alimentaire -4,3% et Industries extractives -2,1%. Cette baisse n’est pas ponctuelle, il y a une tendance à la baisse depuis un semestre. On a perdu depuis le mois de Mars plus de 70 points d’indice[ii].
En face de ce constat de contre-performance, nous invitons à revoir nos prévisions de croissance, à réinterroger le scénario de base pour la réussite du PSE conséquemment pour des projections plus réalistes. En gros nous invitons nos autorités à revenir au sérieux et réévaluer l’impact de nos politiques publiques industrielles et par secteur. Depuis 2012, des voix se sont élevées pour alerter sur le cas des entreprises en difficultés et surtout sur les entreprises industrielles qui faisaient faillite et fermaient leurs portes, ce qui a abaissé sensiblement notre productivité et aggravé le chômage dans notre pays. Depuis, nous avons plusieurs fois lu à travers les communiqués de conseils des ministres, les “directives” du Président de la République sur la nécessité de recenser les entreprises en difficulté et de leur trouver des solutions ciblées chacune dans ce qu’elle a de plus structurellement désavantageux. Que ça soit sous Abdoul Mbaye ou Aminata Touré, il nous semble que la volonté affichée du Président de trouver des solutions à cet épineux problème de rentabilité de nos industries, n’est pas prise en charge par ses différents. Concernant le nouveau gouvernement, nous attendons des actes concrets allant dans le sens de la prise en charge de la question. A cet effet, il n’est pas étonnant de constater cette baisse de notre production industrielle car nos entreprises sont en situation de détresse. Malheureusement les instruments de financement de l’économie que sont le FONSIS, le FONGIP, la BNDE… tardent encore à traduire en actes concrets l’espoir qu’ils avaient suscité à leur mise en place. Et à ce niveau il va falloir « Accélérer la cadence » pour que ces mécanismes de financement de l’économie puissent répondre aux attentes des opérateurs économiques, des industriels et entrepreneurs de notre pays.
Par ailleurs, Le pouvoir actuel enregistre de plus en plus de revers avec des projections et estimations de croissance qui ne sont pas au rendez-vous. A défaut de mesures idoines, les projections de croissance pour 2014 risquent encore d’être compromises. En effet, la baisse notée de la production industrielle cumulée à la situation qui prévaut dans le monde rurale gagné par des retards de la pluviométrie et surtout par la baisse de la quantité de pluies enregistrée, le Sénégal risque encore de passer à côté de ses prévisions. L’impact du secteur agricole dans nos performances économiques n’est plus à prouver. Le taux de croissance de 4,6% projeté pour l’année 2014 risque encore d’être revu à la baisse avec ses conséquences économiques, sociales et en définitive sociétales.
Il est donc temps d’infléchir certaines orientations, de booster sérieusement les investissements et de revoir nos orientations en termes de politique industrielle. Il urge de le faire ! Des actions correctives s’imposent.
Le ministre des finances, celui de l’industrie, celui chargé du suivi du PSE, autour du Premier ministre doivent s’activer davantage pour traduire convenablement les directives du président de la république en actes bénéfiques à nos entreprises. Réunions d’urgences, revue des GAP, stratégie de rattrapage doivent être d’actualité au sommet de l’état où les capacités d’anticipation doivent être renforcées. A cette action devrait être associés les DG de l’APROSI, ASEPEX, FONSIS, FONGIP, APIX, BNDE etc. En résumé, le gouvernement doit être beaucoup plus ALERTE dans la prise en charge des difficultés des industries sénégalaises qui ont plus que besoin du soutien et de l’accompagnement des pouvoirs publics. Au lieu de se ressaisir et d’inviter à l’introspection, au travail et au sérieux, au moment où notre indice mensuel de la production industrielle chute depuis plus de six mois, nous parlons de sujets secondaires, comme si de rien était !!
Toute proportion gardée, une baisse d’activité dans un secteur pour un mois, donc conjoncturel, ne sonne pas l’échec d’une politique quelconque, mais est un bon alibi suffisant pour redynamiser les grands acteurs d’Etat au service de la politique de ce secteur, mais ici la baisse est tendancielle.
Mohamed LY Président du Think tank Ipode
[i] http://www.ansd.sn/ressources/publications/IHPI_%20aout_2014.pdf
[ii] http://www.ansd.sn/index.php?option=com_ansd&view=titrepublication&id=7
2 commentaires
Je m’interroge toujours quand on parle d’industrie au Sénégal parce qu’aussi loin qu’on puisse regarder, on ne voit que des entreprises implantées par les français depuis la nuit des temps et qui sont en train de mourir de leur bonne mort. C’est quoi l’industrie sénégalaise mon cher Mouhamed ?
L’industrie extractive : A part les ICS qui nous rapportait un tant soit peu avec le phosphate, de quelle extraction peut on vraiment parler ?
On ne sait pas grand chose de l’or de Kédougou et de toute façon ce n’est pas vraiment une industrie. Il se susurre que dans quelques années peut être nous découvrirons des gisement de pétrole. je veux bien moi mais le monde réfléchi déjà au postmodernisme et à un développement moins basé sur les ressources et les énergies fossiles, on ne peut pas à ce jour en parler, wait and see
L’industrie alimentaire: à moins de créer l’usine de beignet de Ngaye Mekhé (je ne rigole pas mon frère) je ne sais pas de quelle industrie on parle vraiment. Tout nos aliments sont importés quasiment et seuls quelques GIE de femmes dans dans quelques collectivités font des produits de consommation locaux avec l’aide de ITA (eux au moins ils font des efforts) pour juste la survie des couches populaire défavorisées de ces zones. On sait comment les ICS ont fini et ce que fout SUNEOR à ce jour.
L’industrie mécanique: Il n’y a pas de véritables industrie mécanique mon frère chez nous, les dernières industries productives sont mortes avec Bata, Sotiba, Gaindé ( mort né qui ambitionnait de fabriquer des voitures sénégalaises) et autres
Oui Mohamed, tu as raison de prendre la balle au rebond quand, même les derniers soubresauts industriels du Sénégal se révèlent contre performants, mais si on doit interpeller l’État il faut plutôt que ce soit pour une vraie politique de relance industrielle seule capable d’améliorer l’emploi dans le pays. Il est vrai qu’il faut soutenir le secteur agricole pour avoir un socle certain à l’industrie alimentaire par exemple, mais sans industrie le pays ne progressera pas malgré toutes les ambitions du PSE et de tous les pouvoirs publics.
Mon sentiment est qu’il faut dans ce pays qu’on devienne plus que responsabiliste et qu’on se mette à reconstruire le pays avant qu’il ne soit trop tard. Cela commence par rétablir le paradigme social originel depuis ndiadiane ndiaye basé sur le mérite et non sur des considérations politique pour choisir les hommes et les femmes devant conduire nos politiques publics. Il faut faire en sorte que les capacités scientifiques, techniques et managériales des sénégalais partout ou ils sont, servent le Sénégal au delà des idéaux politiques. Et qu’enfin l’État encourage les initiatives en faveurs du développement d’ou qu’elles viennent. C’est à ce prix qu’on redressera cette courbe catastrophique et alarmante qui traduit bien la propension économique malgré toutes les velléités du PSE.
Les entreprises de Service comme SONATEL, les seules qui restent encore sont malgré leur résultat des entreprises très médiocres encore au vu des services qu’ils rendent aux population. SONATEL fait des milliards de bénéfices, le débit internet au Sénégal est encore au mieux à 2mo de données, et ils appellent ça haut débit alors que la fibre est maitrisée par nos ingénieurs sénégalais depuis des lustres, de même que les technologies de maillage et de distribution de ces outils sur tout le territoire. Ma connexion internet domestique en France est à 250 Mo de débit à titre de comparaison. Nous maitrisons toutes les technologies existantes très cher, c’est énervant!!
Au lieu de servir d’incubateur pour les nombreuses entreprises sénégalaises du domaine des services TIC, SONATEL en proposant un service aussi bas niveau empêche nos sociétés d’être compétitives y compris dans la sous région ou les gens nous rattrapent et parfois nous dépassent. J’ai installé un réseau ADSL sans fil pour la SONITEL au Niger en décembre 2005 avec quelques experts sénégalais du domaine pour la couverture des jeux de la francophonie et j’avais l’impression que le Sénégal était en avance sur ces technologies. Je suis au regret de constater que rien n’a bougé depuis ce temps. Je m’interroge même sérieusement sur la signification de la valorisation boursière de SONATEL sur le marché africain, des fois j’ai l’impression qu’on nous prend tous pour des niais.
Banda
Merci Pape, vous venez de faire 1 bilan vrai mais nalheureusement de la situation de notre cher pays. je vis en Egypte maintenant depuis 3ans et j’ai consommé 1 seul produit importé, et je le dis bien pas 1 seul. de la nouriture jusqu’a l’habillement tout se fait localement. d’ ailleurs les seuls produits importés sont si chers (severement taxés par l’etat) que ce n’est pas la portée de la majorité des population. il n’y aura de développement que si celui-ci est inclusive. encore une fois de plus Merci Pape pour cette analyse plus que pertinente qui mérite l’attention des autorités.