S’il y’a une excellente nouvelle qu’on peut retenir de ces élections locales c’est la naissance de ce nouveau paradigme sur la scène politique: les appareils n’élisent plus, il faut se forger son image dans l’OPINION par un engagement constant et une reconnaissance du travail accompli pour les responsables qui sont aux commandes et qui sont en compétition. Ce paradigme impose aux hommes politiques de rassembler au delà des frontières classiques des logiques d’appareil.
Nous avons vécu ce 29 Juin une des journées d’élection les plus calmes et les plus apaisées du pays de cette décennie. Ceci est à saluer, et tout ça participe à la confirmation de notre maturité démocratique. La journée s’est achevée comme elle a commencé, dans la sérénité et la détermination de voir la Démocratie triompher ! Les autorités administratives en charge des élections doivent en être félicitées pour leur professionnalisme et leur expertise dans le domaine électoral malgré la pléthore des listes. Le défi de l’organisation a encore était relevé dans ce domaine.
Malheureusement nous avons eu un taux de participation très faible ce qui est regrettable pour les enjeux soulevés dans ces joutes avec la mise en place de la première partie de l’acte 3 de la décentralisation. La pléthore des listes et la stratégie à géométrie variable dans la constitution des listes sur l’étendu du territoire a rendu l’offre politique illisible pour les citoyens. L’illisibilité d’une offre rend toujours difficile une adhésion en politique, une des explications de ce fort taux d’abstention réside là. Et dans ce contexte s’annoncent des défaites symboliques au goût amer pour le camp présidentiel. Des lieutenants très proches du Président de la République ne gagneront pas leurs localités malgré un soutien clair et sans ambiguïté du chef de l’état. Dans ce sens ces élections bien que “locales” n’échapperont pas aux tentatives d’en tirer des analyses et enseignements au niveau national. Un chamboulement d’un niveau insoupçonné pourrait donc s’ensuivre au sommet de l’état avec le retour du slogan heureux et qui séduit, à savoir “La patrie avant le parti”. Au delà du slogan, c’est une attente républicaine.
Ce 29 Juin, les citoyens ont voté pour des conseillers municipaux et départementaux et pas pour des maires. Le deuxième tour commence donc dés le lendemain des grandes tendances relevées, entre grands électeurs et états majors politiques. La question est de savoir de quel poids voudra peser le chef de l’état dans la recherche des équilibres au sein de la coalition BBY et dans la logique de la consolidation de son parti l’APR à la base, au moment de la constitution des majorités locales pour la désignation des chefs d’exécutifs locaux. Ceci sera intéressant à scruter et à décrypter.
Nous ne finirons pas sans faire une projection certes précipitée mais nécessaire. La prochaine élection sur le calendrier républicain sera une présidentielle ! Comment Macky Sall va réussir à avoir la reconnaissance du travail accompli par les sénégalais ? C’est une question légitime que doit se poser son camp, d’autant plus que ces locales démontrent que la seule base de la coalition qui l’a élu ne suffira pas. Cette prouesse a était manifestement le succès de Khalifa au niveau de Dakar. Les Dakarois ont eu un sentiment d’un travail bien accompli de leur maire et lui ont renouvelé leur confiance par un vote massif. Nous pensons que la seule façon , pour le Président de cultiver ce sentiment chez les sénégalais, c’est de réussir le PSE par des résultats probants. L’heure est donc au travail et au défi de la mise en oeuvre ! Et accessoirement amoindrir l’effet des faucons pour s’ouvrir plus à la patrie, arrêter le sectarisme et l’électoralisme à outrance: c’est une demande citoyenne !
Mohamed Ly