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L’Offshoring une piste sérieuse pour un marché de milliers d’emplois au Sénégal

Par MO

Par Mohamed LY

A ce stade où la politique de l’emploi est un casse-tête pour nos pouvoirs publics et peine à trouver ses marques, j’invite nos autorités en la matière d’explorer la piste de proposer aux grandes multinationales un offshoring soutenant une offre de Business Process Outsourcing BPO[1] de qualité au Sénégal. Cet offshoring devrait aboutir à la mise en place d’une technopole à haute valeur ajoutée qui pourrait être adossée à la zone économique spéciale intégrée de Dakar. Le terme «Offshoring» qui désigne la délocalisation des activités de service et de production de certaines entreprises occidentales  dans des pays à moindre coût comme le nôtre est un secteur en plein essor et avec une concurrence très rude. Pour réussir ce projet, il faudra donc proposer un Offshoring de qualité et concurrentiel en terme de coût d’infrastructures et de services, de qualité de ressources humaines avec la mise en place d’un cadre de travail exceptionnel et d’un cadre fiscal incitatif spécial pour attirer les multinationales.

 

Il y a dans le secteur de l’offshore une niche de milliers d’emplois de haut niveau à créer au Sénégal dans quelques années en direction de notre jeunesse diplômée. Les rapports chiffrés sur la situation de l’offshoring dans un pays comme le Maroc démontrent que le secteur est très porteur. En effet, au Maroc le secteur offshore compte aujourd’hui environ 100 000 emplois et l’estimation du chiffre d’affaires est de 1,8 milliard d’euros d’ici à 2015. Le secteur de l’Offshore est alors en pleine expansion et cette dynamique place le Maroc en première position parmi les pays du continent. Pourtant en 2009 le cabinet américain de conseil en stratégie AT Kearney plaçait le Sénégal au 26ème rang mondial devant le Maroc qui n’était que 30ème, ou encore l’Afrique du Sud 39ème pour la cherté du coût de la vie et de la main d’œuvre. Et parmi les critères retenus il y a la structure financière, l’environnement économique et la qualité de la main d’œuvre. Le cumul de ces critères donne l’index global, correspondant à l’attractivité des pays, critère de choix pour l’offshore. L’analyse démontre que la main d’œuvre des pays développés est toujours trop chère et que les multinationales sont toujours enclines à rechercher des solutions d’offshoring[2].

L’avance du Maroc sur le Sénégal dans l’Offshoring nous oblige à constater le retard considérable que nous accusons dans ce domaine. Ce retard est imputable à un manque de volonté politique. C’est ce retard que nous devons corriger et qui pourra nous faire gagner des milliers d’emplois. Pour réussir ce projet d’envergure, il faudra privilégier une vision stratégique de l’Etat qui soit construite et planifiée comme ça a été fait justement au Maroc dans le début des années 2000.

I – Le Sénégal et ses atouts dans le domaine de l’offshoring

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En 2011 le succès de notre pays dans le classement AT Kearney était dû à une combinaison de plusieurs facteurs qui attirent les investisseurs étrangers :

  • Le coût de la main d’œuvre : Comparé aux pays du Maghreb, le Sénégal offre une main-d’œuvre bon marché, avec un salaire annuel de 3 700 euros contre 5 500 euros au Maroc.
  • Des règles fiscales plus souples: L’état sénégalais a simplifié et assoupli les procédures et règles fiscales, pour permettre une plus grande marge de manœuvre aux investisseurs étrangers. Ce geste est apprécié par les investisseurs d’autant plus que le dernier code fiscal de 2013 innove sensiblement en simplicité.
  • En plus de tous ces atouts notre pays possède l’un des réseaux téléphoniques les plus développés d’Afrique et un secteur TIC de plus en plus performant et dynamique. Depuis 2011, de nombreux centres d’appels, de télémarketing et de télé saisie se sont développés offrant des emplois à la jeunesse.

Mais ce développement est en deçà de ce que l’on pourrait attendre de ce secteur si les pouvoirs publics en faisaient une priorité, comme ça a été le cas en Tunisie et au Maroc. Dans ces deux pays de nombreuses structures dédiées à l’offshoring ont été créées ces dernières années. Les exemples les plus significatifs sont le Technopolis à Rabat, la technopole El Ghazala en Tunisie ou la technopole de Casablanca « CasaNearshore ».

Il est intéressant de relater le modèle d’investissement du Maroc pour montrer comment gagner des parts de marchés considérables dans l’offshoring et le BPO qui est devenu un de leurs  leviers les plus efficaces de lutte contre le chômage. Nous étudierons le cas du Maroc à travers la plateforme du CasaNearshore Park.

II – Les atouts du Maroc en offshoring: l’exemple du CasaNearShore Park

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Le Maroc profite de sa proximité géographique et culturelle avec l’Europe continentale, la qualité des infrastructures et les nombreuses incitations fiscales et financières pour réaliser les activités de  Nearshore[3] qui ont fait de Casablanca la destination privilégiée des plus grandes multinationales pour la délocalisation de leurs activités de service. Le Maroc a décroché le titre de meilleure destination de l’offshoring pour l’année 2012. Cette consécration lui a été décernée le 27 juin dernier au siège de la Law Society à Londres, par l’Association européenne de l’outsourcing (EOA[4]).

Les années 2000 ont été marquées pour le Maroc par le lancement du plan « Emergence », un plan qui vise à développer son offre Offshoring. D’ailleurs, on remarque que ce plan a apporté des résultats satisfaisants. En 2009, le secteur de l’offshoring au Maroc réalisait un chiffre d’affaires 500 Millions d’euros. Pour développer ses atouts, le Maroc compte lancer une politique de formation professionnelle de ses employés pour renforcer leurs compétences. Parmi les objectifs de ce programme, la formation des employés à maîtriser plusieurs langues est une des priorités. Cette aptitude permettra au pays de bénéficier aussi de contrats d’externalisation venant non seulement des pays francophones et hispaniques mais aussi anglophones.

Sur le plan des infrastructures et bien que le Maroc soit classé 75e au niveau mondial en termes d’acquisition des NTIC, il propose un projet stratégique sous forme d’un parc de 53 hectares CasaShore (filiale de la holding CDG[5] Development du groupe CDG) qui répond en grande partie aux normes internationales autour des NTIC à des coûts très compétitifs (5300 francs cfa/m2).

Sur le plan fiscal, le Maroc propose un package très incitatif qui exonère les entreprises de l’IS pendant les cinq premières années et un abattement de 50% par la suite, et aussi d’un Impôt sur le Revenu de 20% pour l’ensemble des employés travaillant dans le cadre de l’Offshoring. Enfin, les différentes entreprises installées au Maroc dans ce cadre bénéficieront d’une enveloppe dédiée à la formation continue d’environ 3 Millions de francs cfa sur trois ans. Le Maroc a aussi mis en place une enveloppe budgétaire très importante, répondant aux attentes des entreprises. Il se traduit par le programme de formation Offshoring où participent une vingtaine d’établissements publics d’enseignement supérieur, le programme 10000 ingénieurs et le programme de la formation continue. Le Maroc est très confiant avec des chiffres très encourageant sur la baisse du chômage avec un taux en dessous de 10% dû en grande partie à la création d’environ de plus de 800 000 emplois depuis 2006 dont 350 000 dans les services. Les investissements étrangers ont dépassé 12 milliards de dollars durant les dix dernières années. C’est dans ce contexte que plusieurs multinationales comme IBM, Steria, Accenture, Capgemini, ATOS, et Axa assurances etc. s’y sont installées.

Les chiffres clés de Casablanca NearShore Park en 2012:

  • 3.5 Millions d’euros d’investissements
  • Site intégré au sein d’un espace dédié de 50 hectares
  • Plus de 300 000 m2 d’espaces de travail et de services à la pointe de la technologie
  • 20 000 emplois sur site
  • 5 Milliards de contribution au PIB marocain à l’horizon 2015
  • Plus de 100 Multinationales installées
  • Selon l’Association marocaine de la relation client (AMRC), l’offshoring a permis à la fin de 2011, la création de 52.000 emplois et réalisé un chiffre d’affaires de 450 milliards de francs cfa. Les centres d’appels offrent à eux seuls, plus de 40.000 emplois au Maroc.
  • Le gouvernement table d’ici 2015, sur 100.000 emplois dans les diverses activités de l’offshoring, dont 70.000 actifs rien que dans les centres d’appels. Pour y parvenir, les efforts publics devraient désormais se focaliser sur le BPO (tâches fonctionnelles) particulièrement le client relationship management (CRM) et l’externalisation informatique ou ITO (IT Outsourcing)

III – L’Afrique bouscule la nouvelle carte de redistribution de l’offshoring : Le Sénégal devrait jouer un rôle majeur

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Il est évident qu’une nouvelle carte de redistribution de l’offshoring se redessine. Malgré le maintien de l’Inde comme leader du marché avec 43 % des parts pour les prestations informatiques externalisées nous constatons que l’essoufflement de l’Europe de l’Est permet à  l’Afrique de percer dans ce secteur. Le Maroc joue sa partition et prend une option de leader avec comme nous l’avons vu plus haut une politique volontariste appuyée par leurs pouvoirs publics.

D’après une étude comparative menée par le cabinet de conseil tunisien Audinet paru en 2011, le Maroc, la Tunisie et le Sénégal seraient les pays les plus performants en matière de centres d’appels. Le nombre de télé-salariés marocains a été multiplié par 10 en 4 ans. En Tunisie, les centres d’appels sont considérés parmi les plus importants pour la création d’emplois. Le Sénégal compte avec les sociétés comme le PCCI (plus de 1000 postes de travail), AFRICATEL AVS (+50 postes de travail) et Call-Me (+100 postes de travail). Il y manque la volonté de mettre en place une politique planifiée allant dans le sens de concurrencer le CasaNearShore ou la technopole El Ghazala en Tunisie. Nous considérons que notre pays a tous les atouts nécessaires pour prendre une plus grande part de marché dans le secteur de l’Offshore. Malgré les bonnes performances du PCCI, Call-Me, Africatel et autres sociétés d’outsourcing, les performances sont en deçà de nos capacités.

L’objectif du projet que nous souhaitons voir initier par nos pouvoirs publics n’est pas de développer seulement l’offre de centres d’appels téléphoniques. Cette seule offre est en deçà de ce que nous pouvons attendre comme activité économique. Nos atouts nous permettent de passer par cet offshoring de support pour aller vers la création d’une technopole concurrentielle, car nous avons une infrastructure de télécommunication d’une grande qualité et en termes de formation nous avons un enseignement de haut niveau reconnu de par le monde. L’ESP[6] et l’UGB[7] sont des références dans ce domaine.

Mais au-delà d’infrastructures adéquates et de l’incontestable qualité de nos ressources humaines, nous pouvons mettre en avant d’autres avantages concurrentiels. L’avantage de la distance n’est pas négligeable. Dakar est à une heure de moins de Paris, Berlin ou Bruxelles que de New Delhi et d’au moins de trois heures plus proche que de Bangalore et sur le Maghreb nous pourrons jouer la carte de la réduction des coûts pour nos futurs clients.

Il est important de réussir la mise en place d’infrastructures de qualité, afin de rassurer les clients qui viendront s’assurer de l’excellence de son état car le secteur qui est évoqué ici est plus complexe que celui de la téléphonie où des choses intéressantes ont été faites et sont à encourager depuis quelques années.

IV – Pourquoi choisir le Sénégal

Pour entrer dans le club fermé des destinations d’Offshoring reconnues dans le monde, il nous faut travailler sur l’attractivité de la destination Sénégal afin qu’elle soit considérée comme une option sérieuse dans les décisions d’offshoring des acteurs de référence du système d’information, des éditeurs, des télécoms et plus généralement du service.

a)   Créer une offre dédiée Sénégal

Afin d’exploiter ses potentialités, notre stratégie industrielle devra  viser à renforcer l’attractivité à travers la définition d’une offre dédiée articulée autour de cinq volets :

  • Un cadre incitatif attractif autour d’un Impôt sur le Revenu plafonné à un niveau concurrentiel discuté entre les partenaires sociaux le Minefi[8] et le ministère de la promotion des investissements et des partenariats.
  • Une offre d’infrastructure performante en télécommunication
  • Une offre immobilière diversifiée et conforme aux meilleurs standards internationaux
  • Une offre  adaptée de cofinancement par rapport aux  besoins des investisseurs dans le secteur de l’Offshoring.
  •  Un dispositif de développement des Ressources Humaines qualifiées, avec :

–          Un plan de formation adapté aux besoins du secteur de l’Offshoring

–          Un système d’aide aux opérateurs dans leurs efforts de formation à l’embauche et en formation continue

b)       Une forte compétitivité sur les coûts 

Avec le faible coût de notre main-d’œuvre accompagné d’incitations économiques et fiscales  nous pouvons présenter  le Sénégal  comme un pays très attrayant sur le plan des coûts d’exploitation :

A titre indicatif la comparaison des coûts entre le Sénégal et le Maghreb pour le coût de main d’œuvre peut aller jusqu’à -35 % à notre avantage. Il faudra créer un cadre incitatif comparable sur l’impôt sur les sociétés et les coûts de télécoms.

Sur l’ensemble des coûts notre avantage est chiffré à -25% par rapport aux pays du Maghreb. 

c)       Un environnement favorable 

Outre les mesures stratégiques à adopter pour renforcer l’attractivité de la destination Sénégal, notre pays  dispose d’atouts certains, favorables à l’émergence et à l’accroissement d’un secteur de l’Offshoring dynamique et compétitif :

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• Coûts de main d’œuvre considérablement compétitifs par rapport à la Roumanie, à l’Egypte ou à l’Afrique du Sud, nos concurrents directs en Offshore. Les pays du Maghreb représentant du NearShore pour l’Europe , notre principal marché, sont tout autant moins compétitifs que nous sur le coût d’un travailleur[9].

• Ressources humaines abondantes, maîtrisant le français et l’anglais

• Proximité géographique par rapport à l’Europe de l’Ouest: 5h d’avion et 1 à 2h de décalage horaire.

• Stabilité politique avec un système démocratique mature et une culture d’ouverture et de tolérance

• Performance économique récente favorable

• Croissance basée sur des fondamentaux sains

d)       Quelques recommandations pour des infrastructures et services répondant au standard international

Pour le site dédié qui devra être le socle du projet, l’APIX[10] pourrait être mis à profit pour orienter la construction de la zone économique spéciale intégrée de Dakar afin de mettre à disposition certains prérequis par rapport aux points suivants.

•          Zone géographique dédiée au projet, installée à proximité du centre d’affaire de Dakar ou de la zone économique spéciale intégrée de Dakar.

•          Plateaux de bureaux prêts à l’emploi (pré câblés, climatisés, modulables)

•          Services d’accompagnement performants : Business Center, Guichet Unique, Restauration, sport, téléphonie

•          Boucle télécoms « carrier grade »[11] avec réseau VPN IP performant.

•          Infrastructure et services télécoms gérés par un opérateur dédié, avec connexion à débit garanti

•          Autonomie énergétique

•          Présence et intervention sur site 24h/24 et 7j/7

•          SLA[12] spécial pour la zone dédiée au projet. Le non respect des délais est juste rédhibitoire dans la gestion des projets internationaux. Sur ce point une révolution culturelle est impérative dans le respect des deadlines pour les livrables projets.

V – Financement de l’Offshoring : l’argument du partenariat gagnant-gagnant

C’est lors de sa visite au Maroc, dans la première quinzaine de décembre 2012, que le Premier ministre français Jean Marc Ayrault a vanté les mérites de ce qu’il a appelé « colocalisation » en termes de « partenariat gagnant-gagnant ».  Car le premier ministre français en parlant de leur partenariat avec le Maroc, a déclaré qu’à l’inverse de la délocalisation, destructrice d’emplois, la « colocalisation » « si elle résulte d’une analyse fine de la valeur ajoutée […] peut être bénéfique et soutenir l’activité des deux côtés de la Méditerranée ».

Le secteur de l’IT est l’un des partenariats les plus forts entre la France et le Maroc. L’Agence française de développement (AFD) octroie à la filiale de la Caisse des dépôts marocaine un prêt de 150 Millions d’euros en faveur de MEDZ[13] qui est en charge du développement des technopoles IT et BPO marocaines. Dans cette enveloppe, un prêt d’un montant de 100 Millions d’euros est clairement destiné au refinancement des activités offshoring développées par la société CasaNearshore.

Ce qui nous fait dire que le projet de développer un offshoring de qualité malgré la demande de financement conséquent que cela demandera, s’il est bien conçu suscitera un fort intérêt pour nos partenaires au développement pour leur assurer la maintenance, l’exploitation et la qualité des systèmes d’information de leurs grandes sociétés de SI.

VI – Les  risques d’une politique d’offshoring low cost et sans valeur ajoutée:

Un projet d’envergure comme celui que nous décrivons est certes porteur d’emplois et d’espoir mais comporte aussi certains risques. Relever ces risques ne remet pas en question la pertinence du projet mais invite surtout les autorités étatiques, les investisseurs et les acteurs sociaux à essayer de les maîtriser au mieux. Il faut préciser que les emplois créés à travers l’OffShoring risquent d’être volatiles si certaines mesures d’accompagnement ne sont pas  prises. En effet, en perdant l’un des facteurs clefs de succès de notre offre, on risquerait de voir certaines entreprises de services quitter notre pays vers d’autres destinations. Si un autre pays, toute chose égale par ailleurs, propose par exemple un package fiscal beaucoup plus attractif que celui proposé par notre offre, nos investisseurs quitteront le pays.

Certes les investissements étrangers via l’Offshoring permettent de répondre en grande partie au problème du chômage par la création de milliers d’emplois, mais nous devons veiller à ce que ces emplois (comme ceux dans le télémarketing qui sont à très faible valeur ajoutée) ne soient pas des emplois pérennes pour les employés diplômés de niveau bac+5/4 au risque de tuer une certaine capacité d’innovation et de créativité de nos cadres supérieurs. Nous devons être très vigilants dans l’évaluation des différents enjeux de l’Offshoring et tout mettre en œuvre pour converger vers une réelle société du savoir et pas une société qui met le savoir au rabais. Ces emplois pourraient être néanmoins très utiles pour les étudiants en cours de formation pour développer leur employabilité, leur pouvoir d’achat  et dans certains cas ils les aident à développer certaines aptitudes linguistiques (avec des contrats anglophones, hispaniques, lusophones ou arabes).Sur le plan social, nous devrons admettre l’idée d’une dynamique salariale contenue. Car il faudra veiller à ce que les salaires  n’atteignent pas des niveaux qui remettraient en cause notre  principal argument de justification de réduction des coûts pour les multinationales.

VII – Les 8 recommandations d’IPODE pour construire l’offre d’Offshoring au Sénégal

Si la volonté de prendre des parts de marché dans le secteur de l’offshoring est réelle, la décision doit en être vite prise et le projet piloté avec prudence et professionnalisme. Pour y arriver il nous faudra naturellement des axes d’amélioration sur certains points évoqués plus haut, pour faire de Dakar une future « Sillicon Valley » Ouest africaine attrayante et génératrice d’emplois durables et stables. Pour ce projet ambitieux nos recommandations sont les suivantes :

  1. Evaluer et allouer un budget conséquent pour nous doter  d’un campus de qualité à l’ESP qui sera une université aux normes internationales avec des infrastructures pédagogiques, sportives, culturelles et d’hébergement de haute qualité. Sur les aspects pédagogiques nous faisons toute confiance au corps professoral.
  2. Demander à une agence comme l’APIX et au nouveau ministère de la promotion des investissements et des partenariats de faire une étude de marché bien ficelée et des études commerciales prospectives pour évaluer et améliorer notre compétitivité pour notre future offre de service d’offshoring.
  3. Initier un partenariat Etat-entreprises de télécom (et prioritairement avec Orange Sénégal et la Sonatel) pour la maintenance de nos réseaux et pour assurer une évolution facile de notre infrastructure pour le campus et pour le futur site accueillant les entreprises. Ensuite veiller à être à niveau sur les standards de communication de pointe au niveau mondial. L’état devra investir pour soutenir les entreprises dans l’acquisition d’un très bon réseau VPN IP qui est un minimum opérationnel avec la mise en place d’une sécurité informatique et de télécommunication sans faille sur le site.
  4. Nouer des partenariats avec les grandes entreprises majeures et propriétaires de solutions sur le marché mondial comme : Microsoft, Apple, Google, SAP, Delta, HP, Citrix  etc. pour un accès privilégié à leur hardware et software en année de formation pour les étudiants. Ainsi négocier avec ces derniers une participation conséquente dans le budget de Recherche & Développement du Campus en mode gagnant-gagnant.
  5. Lancer une négociation entre les travailleurs du secteur, les syndicats de patron et l’état pour travailler sur un pacte de stabilité sociale du secteur SSII adossée sur une convention collective avantageuse pour les travailleurs et une fiscalité attractive pour les investisseurs. Ceci pour deux raisons: le facteur de stabilité sociale et le coût de la main d’œuvre vont être les facteurs  clef de succès de notre offre. Sur le dernier point une étude de l’APIX faite en 2009 nous montre que nous avons un avantage non négligeable en la matière. L’étude nous renseigne que le salaire moyen annuel d’un téléacteur est de 3700 euros (près de 308 euros/mois) au Sénégal contre 4200 (près de 350 euros/mois) en Île Maurice, 5200 (près de 433 euros/mois) en Tunisie et 5500 (près de 458 euros/mois) au Maroc.
  6. Fournir au projet une autonomie en énergie. Ce projet ne devra pas dépendre des recherches de solutions entamées pour résoudre ce frein à l’investissement qu’est notre déficit énergétique chronique.
  7. Demander au ministère de l’enseignement supérieur  de négocier un campus commun dans la capitale avec tous les acteurs de l’enseignement supérieur. Ce campus devra réunir toutes les écoles supérieures  accréditées et «diplomantes» pour une université unique afin d’avoir une uniformisation de la formation dans le domaine de l’informatique et des télécommunications. Cette unification nous dotera d’une université de renom et bien classée en Afrique tant la mutualisation des moyens et des compétences sera bien faite. La prolifération des écoles de formation supérieure sans véritable moyens dans ce domaine tend à déprécier le niveau global de notre pays.
  8. La participation de l’état doit refléter son ambition affichée de faire de l’emploi des jeunes une priorité nationale et nous la chiffrons au moins à cinquante pourcent du budget. Le Fonds Souverain d’Investissements Stratégiques « Fonsis » devra être le partenaire privilégié des investisseurs de ce projet en apportant les fonds propres nécessaires pour son démarrage.

Conclusion :

De la mise en route de ces recommandations découlera une offre maîtrisée du Sénégal dans le marché de dizaines de milliers d’emplois qu’offrent l’offshoring et le BPO. Nous pourrons nous orienter ensuite dans la création d’entreprises de développement, d’édition de logiciel, de service de maintenance, d’assistance de niveau élevé et de déploiement de solutions intégrées au sein de la technopole. Notre ambition pour le Sénégal à travers ce projet, n’est pas de se contenter du seul marché francophone où nos avantages sont un peu plus évidents, mais de développer dans le programme pédagogique du futur campus les moyens nécessaires pour hisser le plus haut possible le niveau en anglais des étudiants pour être concurrentiel sur le marché mondial et d’aller explorer des parts de marché partout où les projets de grande envergure seront lancés. A cette fin des programmes d’échange semestriel dans les universités anglophones africaines seront une bonne expérience pour nos futurs cadres en leur ouvrant des horizons nouveaux en termes d’expérience de multi-culturalités et renforceront l’intégration africaine. Ce projet est d’autant plus accessible que nous sommes perçus dans le reste du monde comme un pays stable, avec une démocratie mature et un peuple tolérant et ouvert. D’ailleurs cet avantage est relevé dans la note du cabinet standard & Poors du 16 Juillet 2012 confirmant le «B+» de notre dette en devise. Cette image que nous nous sommes construite est notre plus grande valeur ajoutée, un pays où il fait bon de vivre avec une sécurité des investissements est toujours attractif. Il faudra que notre marché du travail assure à nos futurs clients une stabilité sociale entre les différents acteurs sociaux pour qu’ils se projettent sainement et avec intérêt dans ce projet. Nous parions qu’en prenant le risque d’explorer cette voie, le régime en place fera gagner à notre pays avant les cinq prochaines années, des milliers d’emplois directs et indirects de haute qualité autour du secteur des services.

Au-delà du principe de délocalisation, il apparaît dernièrement une notion toute récente qu’est le « Bestshore » comme la nomme les américains. Cette notion renferme la meilleure localisation pour les multinationales compte tenu de différentes contraintes qui peuvent être financières, organisationnelles, culturelles ou géographiques. Notre offre d’offshore devrait être perçu finalement comme du Bestshore pour nos futurs partenaires tant elle sera attractive et maîtrisée.

M’adressant aux autorités de notre pays et à la majorité politique en place, je leur dirai que cette opportunité ne doit pas être négligée pour une stabilité sociale durable et pour un meilleur espoir dans l’avenir de notre jeunesse méritante.

Mohamed LY pour le Think tank Ipode

www.thinktank-ipode.org

twitter: @ly_mohamed


[1] Business Process Outsourcing : Selon l’EOA (European Outsourcing Association), le BPO (Business Process Outsourcing) peut être défini comme la délégation d’un ou plusieurs domaines d’activités, fonctions ou processus de l’entreprise à un fournisseur extérieur et indépendant de son client

[2] Selon Ray Lavitt, président  de la direction CORE, une société canadienne sans but lucratif qui soutient les entreprises dans la recherche de moyens d’externalisation, l’outsourcing peut permettre de résoudre le problème lié à la concurrence locale. Il soutient qu’en essayant de réduire ses coûts, une société qui choisit d’externaliser peut améliorer sa compétitivité que ce soit sur le marché local canadien ou international. Pour Ray Lavitt, une société externe peut réaliser avec des coûts réduits, ce qu’une entreprise peut faire elle-même.

[3] Le Nearshore Outsourcing désigne l’externalisation de services sur le même territoire ou sur un territoire proche géographiquement. Pour une société en France, le nearshore outsourcing concerne en particulier l’externalisation dans les pays du Maghreb ou d’Europe de l’Est. Aux USA, on parle de nearshore outsourcing lorsque les services sont réalisés au Mexique ou au Canada.

[4] European Outsourcing  Association

[5] Caisse de Dépôt et de Gestion – Maroc

[6] ESP : Ecole supérieure Polytechnique

[7] Université Gaston Berger avec son UFR Génie informatique

[8] Ministère de l’économie et des finances

[9] Source institut Everest 2009

[10] L’APIX est l’agence pour les investissements et les grands travaux du Sénégal. Elle est chargée de superviser : (i) la mise en œuvre des stratégies et programmes d’impulsion de l’investissement privé

(ii) la réalisation d’infrastructures économiques de base.

[11] La technologie Carrier Grade Ethernet (CGE) est établie suivant  cinq critères la distinguant du LAN Ethernet : services standardisés, évolutivité, fiabilité, qualité de service et gestion des services. Ces attributs fournissent les capacités de classe exploitant pour convertir le LAN Ethernet traditionnel en technologie adaptée au déploiement chez les fournisseurs de service Metro et dans les réseaux étendus (MAN et WAN). Les fournisseurs peuvent utiliser des services métiers CGE pour offrir ces capacités tout en minimisant leurs coûts comparés aux autres technologies.

[12] Service Level Agreement ou SLA: est l’ensemble des  accords régissant une qualité de service. Ils sont définis contractuellement sur des points précis avec des pénalités en cas d’incident. Les SLA ne peuvent être définis et respectés qu’avec des outils permettant de surveiller et de mesurer efficacement les engagements  (performance des réseaux, etc.)

[13] MEDZ est une filiale de CDG Développement, MEDZ créée en 2002 sous le nom de Maroc Hôtels & Villages (MHV), afin d’accompagner la « Vision 2010 » du secteur touristique. En 2005, elle saisit l’opportunité d’un Maroc en mouvement pour élargir son périmètre d’intervention à la conception, l’aménagement, le développement et la gestion de nouvelles zones d’activités spécialisées et intégrées.

 

 

34 commentaires

sendiaspora février 27, 2013 - 12:52 am

Excellent article mon cher Mohamed. Je vous felicite d’avoir entame cette discussion. Parfois je me pose la question si le gouvernement Senegalais est conscient du potentiel intellectuel qui est a la disposition de notre pays.

Je travaille dans ce milieu ici aux Etats-Unis. Notre equipe est compose de 3 Americains, 3 Indiens, 2 Chinois, 1 Bengali, 1 Senegalais et 1 Philippin juste pour vous montrer la diversite de celle ci. Connaissant beaucoup de Senegalais qui travaillent dans ce domaine dans les plus grandes entreprises (ACCENTURE, IBM, FEDERAL AVIATION ADMINISTRATION, SOJETI, AMERICAN FIDELITY ETC…) je peux vous assurer que le development du Senegal en matiere de TIC depend seulement d’une politique de bonne volonte de la part de notre gouvernment car les talents sont la a leur disposition.

Je vous encourage davantage sur votre projet et je suis sure que nous aurons l’occasion de travailler ensemble des que je finis avec certains projets.

Cordialement
Moustapha Bop

Reply
Mohamed mars 14, 2013 - 2:10 am

Merci Moustapaha
Tes encouragements m’ont bcp touché, ca se voit que c’est un sujet que tu connais bien, et j’espere vraiment que Ipode pourra s’enrichir de votre experience et de vos connaissances sur le sujet. Je t’invite personnellement à nous rejoindre dans le TT et d’y prendre place pour le but commun que nous poursuivons.
Respectueusement
Mohamed

Reply
khadija Deme février 27, 2013 - 1:50 am

J’espere seulmt que les intéréssés vont bien lire vos propositions!!!

Reply
Mohamed mars 14, 2013 - 2:07 am

Merci Khadija
Nous esperons aussi… Il faut conjuguer toutes les énergies positives de notre pays

Reply
Bara février 27, 2013 - 4:36 pm

Bonne proposition et très bon travail. Je vous invite à faire un dossier pour le proposer au ministre un vrai travail est à faire à partir de cette pertinente réflexion

Reply
Assane m'baye mars 1, 2013 - 10:42 am

Votre initiative ipod m’a rempli d’espoir pour mon pays. C’est bien que des hommes et femmes intègres et compétents que vous êtes, contribuez au développement du Sénégal. Quand j’ai lu ce l’article de ly je me suis dit que nous sommes sauvés, car vous constituez une relève formidable pour le futur du pays. tous mes encouragements et ne baissez jamais les bras

Reply
Mohamed mars 14, 2013 - 2:06 am

Merci Mr Mbaye votre témoignage est touchant ! On ne baissera pas les bras
Mohamed

Reply
Ngoné mars 14, 2013 - 12:47 am

Bonsoir,
C’est avec intérêt que j’ai lu parcouru votre article, je vous en félicite car vous êtes venu avec des propositions très intéressantes dont, je vous cite: »la délocalisation des activités de service et de production de certaines entreprises occidentales dans des pays à moindre coût comme le nôtre. Il faudra donc proposer un offshoring de qualité et concurrentiel en terme de coût ». Beaucoup d’entreprises le font en effet, par exemple,au canada où certaines compagnies vont s’intaller en Inde, en Egypte et dans d’autres pays. Il faudra, aussi, penser à inciter les entreprises étrangères à s’installer dans les autres régions, pas seulement à Dakar. Les moyens d’incitations ne manquent pas.

Vous avez, aussi, proposé « des programmes d’échange semestriel dans les universités anglophone seront une bonne expérience pour nos futurs cadres en leur ouvrant des horizons nouveaux en termes d’expérience ». La maîtrise de l’anglais devient, de plus en plus, un impératif. Je vous donne l’exemple du Québec dont la polapulation tient beaucoup au français mais où les candidates bilingues ont plus de chance de s’intégrer et d’y trouver un emploi dans certains domaines et secteurs.

Bravo pour cet article et bonne continuation.

Reply
Mohamed mars 14, 2013 - 2:05 am

Merci Ngoné pour vos precisions et vos encouragements. Nous comptons continuer sur cette voie de proposition de solutions concretes pour ameliorer nos politiques publiques sur l’education, l’emploi, la santé, l’energie, gestionsde nos ressources minieres, la justice etc…
Et nous vous invitons à nous retrouver pour travailler dans le meme sens.
Mohamed

Reply
Moussa Traore juin 23, 2013 - 10:50 am

Cher Mohamed
L’EU a déjà entamé sa « décroissance négative » autant vous dire que sans croissance les entreprises naturellement besoin de tailler dans l’os sur les depenses pour preserver leur competitivité. Dans l’IT beaucoup d’entreprises françaises prospectent le nearshore (Roumanie, Portugal..) où l’ingenieur moyen est l’équivalent de l’expert français, payé 3 a 4fois moins cher, plus motivé par ailleurs.
Le Sénégal a toute sa chance pour demontrer un ROI certain dans la prestation de service externalisée mais cela passe par un reel renforcement des capacités sur l’expertise dans les domaines ciblés la formation est la composante clée de notre reussite à imposer une offre attractive de relocation des activités d’ingenierie et support exploitation dans l’IT.

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Mohamed juin 23, 2013 - 11:05 am

Je partage ton analyse Moussa et pour demontrer de ce ROI avantageux j’ai proposé des axes d’investissement que l’etat devra assurer, et effectivement l’excellence des ressources humaines en est la composante clef! Merci pour ton apport

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Moussa Traore juin 23, 2013 - 11:30 am

Merci plutot à toi d’avoir impulsé ce debat interessant !
Par ailleurs, même s’il est de la responsabilité de l’Etat de promouvoir les competences de demain il n’en reste pas moins qu’il faut imaginer d’autres modeles economiques de financement en soutien de la politique sectorielle en la matiere. Par ex: Sonatel et autres dans leur politique RSE devraient appuyer cette demarche en permettant a leurs employés benevoles de degager un certain volumes horaires, d’heures de travail, dediées à professionnaliser des jeunes sous forme de coatching terrain. La diaspora deja rompu à ces metiers pourraient initier un fond d’invest autofinancé pour mettre en place une dream team sorte de pilote pouvant engranger rapidement des contrats d’offshoring.

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Seydou Badji septembre 17, 2013 - 11:14 am

Félicitation M. Mohamed Ly pour cet article. On voit bien que le Sénégal présente beaucoup d’opportunités en matière d’offshoring et comme vous le dites, c’est une grande source d’emplois pour la population active sénégalaise. Ce qui attire encore plus mon attention c’est quand vous dites clairement qu’il faudra d’abord une bonne politique volontariste (recadrez-moi si je trahis votre pensée). Je pense réellement, que les problèmes de développement du Sénégal, en général, sont d’abord d’ordre politique (pas la politique politicienne mais la politique comme une vision de développement). A votre idée, je souhaiterais si vous l’accepteriez, adosser l’argument que pour la réalisation du développement du Sénégal par la mise en oeuvre de programmes comme l’offshoring, il faut un culte de l’éthique développante, cette éthique qui poussent les dirigeants à vouloir atteindre des résultats probants par de bonnes politiques de développement. Je pense sincèrement que le problème se situe à la qualité des ressources humaines, et là beaucoup me diront que le Sénégal en est bien doté, mais je répondrai que ce n’est pas les niveaux intellectuels des formés, mais leur volonté intrinsèque de bonne foi, de culte du bons résultats… voici à mon avis ce qu’il faut intégrer dans les formations pour réussir le pari du développement….

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Bineta Ba septembre 17, 2013 - 2:03 pm

Le offshoring est à prendre avec des pincettes. Il faut faire attention à la dictature des multinationales qui utilisent le offshoring pour se soustraire aux lois et réglementations des pays. Le offshoring crée des emplois mais que dira-t-on si les postes de cadres sont réservés aux expatriés européens et que les sénégalais se retrouvent avec des emplois payés aux salaire minimum, sans compter le fait que leurs droits en tant que travailleurs seront piétinés?
L’État du sénégal aura-t- il la poigne d’établir des réglementations et des lois environnementales et sociales pour protéger les travailleurs, protéger l’environnement en cas de déversement de produit toxique, pollution de l’air, des nappes d’eau?? et la gestion des déchets toxiques qu’en pensez-vous?

Je dis NON à l’assouplissement de la fiscalité. Les multinationales qui veulent s’installer au Sénégal doivent payer des redevances correctes qui permettent à l’État du Sénégal et aux Sénégalais d’avoir des retombées juste et équitable de l’activité de l’entreprise.

OUI À L’OFFSHORING MAIS AVEC UNE FISCALITÉ JUSTE, UNE RÉGLEMENTATION ET DES LOIS QUI ENCADRENT L’ACTIVITÉ DES ENTREPRISES ÉTRANGÈRES.

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Mohamed septembre 17, 2013 - 2:15 pm

Merci Bineta pour ta contribution de qualité au sujet, que je classerai dans une prochaine version dans le chapitre « risques à surveiller et à maîtriser » dans ce type de projet. Certes, il n’y a pas de raison pour que les multinationales nous dictent nos politiques fiscales économiques ou sociales car nous sommes souverain. La question est de savoir, faut il aller vers ce projet avec les risques que ca comporte, projet qui engrangera des milliers d’emplois, relancera notre économie, en faisant des politiques incitatives à l’investissement pour favoriser l’investissement local et l’installation de ces multinationales (nous sommes dans un monde ouvert pour rappel). Ou rester sur nos critères (qui d’ailleurs sont assez attractifs mais pas suffisamment ) au risque d’avoir une implosion sociale tant le taux de chômage et de désœuvrement de notre jeunesse diplômée est préoccupante pour laquelle avec ou sans multinationale le pays ne trouve pas de solution?

Si ton idée principale est de dire qu’il ne faut pas qu’on brade notre pays au capitalisme prédateur, je suis en phase avec toi.
Mais faudra t il donc croiser les bras? Je pense que NON! et j’espère que tu iras dans mon sens. Parce que le tout est d’identifier les risques comme tu viens de le faire, et de les maîtriser au niveau étatique. Les risques sont réels mais ne remettent pas en cause la pertinence du projet comme je l’ai évoqué dans l’article pour d’autres types de risques aussi.

Merci une fois de plus, le débat continue!

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Bineta Ba septembre 17, 2013 - 2:25 pm

Absolument d’accord avec toi.

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oumar septembre 17, 2013 - 6:08 pm

Merci pour cette perspective. L’insuffisance (excusez ma nature critique) du document est qu’il fait reposer la quasi-faisabilité sur l’Etat. Et nous savons ce que cela veut dire : 1. soit cela ne se fera jamais ; 2. soit cela se fera au rabais donc sans incidence réelle ; 3. soit cela se fera mais pas avec les compétences requises. Le seul hic est que, comme présenté, l’Etat est INCONTOURNABLE. Il faut peut-être voir s’il n’y a pas une autre fenêtre de faisabilité possible.

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Mohamed septembre 17, 2013 - 6:20 pm

Hélas Oumar des politiques de cette ampleur dans un pays comme le notre ne peuvent etre supportées que par l’etat en partenariat avec les investisseurs, car cela peut nécessiter une retouche de la législation, de quelques lois , desvinvestissements trés lourd etc…. l’APIX, le FONSIS le ministere du PLAN et le Minefi, s’ils font bien le boulot on devra y arriver avec professionnalisme et sérieux…..

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oumar septembre 17, 2013 - 8:12 pm

Sans verser dans un pessimisme exagéré, je dirais que cela prendra BEAUCOUP de temps de devoir compter ABSOLUMENT sur l’Etat. J’étais encore jeune employé dans une boite informatique quand on parlait du projet du technopole comme le « silicon valley d’Afrique »… c’était il y a exactement 26 ans ! Qu’est-ce qui a été fait ? Malgré de multiples accords de coopération (avec l’Inde entre autres pays), le constat est amer. Si les politiques sont si incontournables, il faut peut-être pensé le projet d’un point de vue sous-régional, avec l’Uemoa par exemple. Le pays qui comprendrait les enjeux sera en pôle position pour accueillir les professionnels de la zone avec extension du marché à l’échelle sous-région.
Je continue cependant à croire qu’il peut y avoir des possibilités sans le pouvoir central. Peut-être avec les pouvoirs décentralisés.. je dis peut-être n’importe quoi.
ps : je partage entièrement aussi le point de vue de Binta sur la fiscalité des multinationales.

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Mohamed septembre 17, 2013 - 8:44 pm

Oui Oumar, je suis d’accord sur le fond de ta pensée, il y a 26 on disait cela, et il y a 4 ans on etait devant le Maroc dans une etude serieuse et aujourd’hui ils sont premiers en Afrique. Entre temps il ont créés dans ce secteur que nous connaissons donc depuis 26 ans (comme tu le dis) plis de 50 000 emplois. Ces emplois le Senegal en a besoin et notre économie s’en porterait mieux et la qualité de vie de nos compatriote aurait été sensiblement amélioré. C’est pour ça que l’article a aussi eu une approche opérationnelle et de proposition de solutions.
Malheureusement malgré les gros diplômés de nos dirigeants il n’y pas d’ecole où l’on apprend à avoir de la volonté politique, et c’est exactement ce qui leur manque….. Et y mettre ensuite une vision claire et des moyens, ce qui est possible ailleurs avec des humains ne peut pas etre impossible chez nous…..
Il faut challenger nos dirigeants, et les pousser à aller vers ce type projet porteur et qui à terme révolutionnera positivement la face de notre economie

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Aliou MBAYE septembre 18, 2013 - 7:14 am

J’ai lu avec un grand intérêt cette analyse-proposition très prospective et j’en remerie au passage l’auteur M. Ly. En vérité, c’est à cela que sert un Think thank. Mais, sans trop le vouloir je vais quand même verser dans un pessimisme qui je l’espère ne vous découragera pas outre mesure dans votre engagement à réfléchir et à produire pour un futur meilleur.

Les destinées du Sénégal sont, hélas, depuis son indépendance entre les mains d’un système politique basé exclusivement sur la népotisme, le clientélisme, la camaraderie et l’opportunisme politicien. Or cela ne développe rien d’autre que des sentiments partisans dans un pays.

Cette belle opportunité( l’Offshoring ) qui s’est présentée à notre pays depuis un peu plus d’une décennie et qui continue à être actuelle comme l’a si bien démontré M. Ly, n’intéresse en rien nos dirigeants politiques qui cherchent seulement et exclusivement de la gloriole avec des actes et des piaillements puérils. La volonté de développer socialement et économiquement le Sénégal n’existe pas dans le système politique actuel du pays.

Un grand marabout de notre pays a dit un jour que gaspiller de la nourriture, ce n’est pas le fait d’en jeter à la poubelle mais de s’en remplir le ventre sans pour autant mener des actes d’adoration du Seigneur avec l’énergie qu’elle nous procure. Pour aller dans le même sens que lui et confirmer que notre pays n’est pas encore sorti de l’auberge, je dirai que les centaines de milliers de jeunes nourris à ne rien faire sous les arbres à palabres, pourraient relever le défi de l’autosuffisance alimentaire en l’espace de deux petites années. Mais avec une certaine détermination. L’eau et la terre étant disponibles tout le long des 1750km de vallée du fleuve Sénégal… Mais hélas

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mbaye Gueye septembre 18, 2013 - 11:29 am

Mohamed

Votre article sur le offshoring et ses opportunités pour le sénégal est une bonne opportunité pour l’emploi des jeunes. merci pour la qualité de la contribution

Mbaye Gueye
Project Management and resource mobilization specialist
Dakar
mgueye20@gmail.com

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Daouda Guindo septembre 18, 2013 - 2:17 pm

Bravo pour cet article très intéressant.
L’offshoring est un levier très important de développement.
Au Sénégal la méconnaissance de ces nouveau créneaux et la crispation du système sont les véritables freins. Au delà de l’Etat, certaines structures (APIX, SCA, BMN, ADEPME, etc.) sensées être les passerelles pour développer ces nouveaux créneaux n’arrivent pas a comprendre les enjeux de ce business et s’associer pour mettre en place des projets ambitieux comme au Maroc avec CASA NEARSHORE.
L’offshoring intègre beaucoup d’aspects fondamentaux pour être un vrai levier de développement et voir émerger d’importantes plateformes de services, qui peuvent créer des milliers d’emplois au Sénégal:
– le développement d’une meilleure culture du travail
– des infrastructures accessibles et performantes
– une fiscalité et une législation souples et encourageantes
– une main d’œuvre qualifiée et compétitive
– des formations adaptées a la demande mondiale
– une énergie accessible 24h/24 pour alléger les coûts de backup, etc.

Le modèle indien est celui a suivre.

L’espoir est encore permis, car des efforts sont en cours sur ces sujets. Espérons qu’avec des dirigeants ambitieux et conscients du vrai futur de ce pays (non de leur prochain mandat), on y arrivera.

Daouda Guindo – http://www.dgcnet-offshore.com

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Mohamed septembre 20, 2013 - 12:15 pm

Merci Daouda pour cet additif utile et de qualité.
Avec une volonté affichée des autorités le pays peut y arriver car leśacteurs privés et les professionnels sont prets techniquement et en terme de culture d’entreprise pour y aller avec eux….

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Aminata Ndiaye mars 16, 2014 - 6:06 pm

Merci Mohamed pour cette générosité intellectuelle et les orientations pertinentes pouvant bénéficier au pays. Votre analyse est confortée par le constat fait sur le marché commercial européen et américain où la plupart des produits de consommation sont made in India, Malaysia et autres.
Par ailleurs je pense que le Sénégal devraient intégrer les critères attractifs non négligeables que sont la salubrité du pays et le désencombrement des voies publiques de tous les fléaux répugnants pour un investisseur.
Vivement que le offshoring soit lancé au Sénégal
merci infiniment

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Seynabou DIENG janvier 24, 2015 - 6:21 pm

Bonjour,

Très bel article. Je vous félicité pour le travail de qualité.
J’ai entendu dire que le groupe Atos souhaitait s’installer au Sénégal et recruter un millier d’ingénieurs sur une période de 5 ans.
Quelqu’un aurait-il des informations dessus?

Je vous remercie,

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Moha février 3, 2015 - 11:10 am

Merci Seynabou,
Tu pourras voir l’interview ci dessous où Thierry Breton confirme l’information ….

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Mohamed février 3, 2015 - 11:05 am

Thierry Breton met en oeuvre l’appel du Think Tank Ipode et concrétise le projet de faire de Dakar le hub francophone pour l’offshoring des services numériques avec l’appui des pouvoirs publics sénégalais.

Je suis heureux que Ipode ait été sur ce sujet visionnaire et éclaireur. Car à l’horizon 2019 avec la seule société Atos, son president table sur une dizaine de milliers d’emplois.

Aujourd’hui concrètement Atos est à des centaines de recrutements d’ingénieurs et si la volonté politique s’affirme d’autres groupes viendront et auront un staffing comparable.

Je vous invite à regarder cet entretien du PDG de Atos et ancien ministre de l’economie et des finances de France avec Alassane Samba Diop , sur ses ambitions pour le Senegal pour la mise en place d’une plate forme d’offshoring de haute qualité.

J’avais bien dit et répété ce que l’Inde est pour le monde anglophone le Sénégal pourra l’être pour le monde francophone en créant des milliers d’emplois…. Et dans la même foulée j’avais égrainé tous nos avantages concurrentiels vis a vis du Maroc, de la Tunisie, de l’Inde , de l’Ile Maurice, de l’Afsud etc…. Tous mes encouragements pour le développement et la réussite de ce projet, qui aura besoin de l’accompagnement et d’une volonté politique affichée des pouvoirs publics sénégalais.

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Papa Boye août 23, 2015 - 11:24 am

Belle analyse, pour ma participation, je vais donner l’article à certains sites sénégalais pour qu’ils publient ça…les concernés doivent le lire ! Bravo Mouhamed

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Moha août 24, 2015 - 7:29 am

Merci Mr Boye
On a besoin de faire connaitre nos potentialités, de les développer en les exploitant de façon durable. aucune initative ne doit attendre. L’appui des pouvoirs publics devrait débloquer beaucoup de choses et nous mettre à disposition une plate forme concurrentielle dans le cadre du volet offshoring du PSE pour permettre aux experts du domaine de montrer leur savoir faire et leur expertise.
Merci pour cette générosité de proposer le papier au grand public.

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azmami oussama septembre 23, 2016 - 1:00 am

s’il vous plais monsieur mohamed donner moi trois critères améliorant le rapport formation- Offshoring et merci

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Moha septembre 23, 2016 - 9:26 am

Oussama : Il sagit de mettre en place un plan de formation pour permettre une montée en compétences des employés de la future plateforme offshore de diamniadio avec
une partie de mise en œuvre pratique importante. Pour ceci:

– La formation doit prévoir un volet technique pour tous cadres, non cadres, opérationnels métiers supports et autres
– Mettre en place des certifications qui matérialisent les acquis
– Développer l’apprentissage
– Assurer un support de proximité après les formations de façon opérationnelle
– Renforcer et homogénéiser les pratiques managériales tournées vers les résultats

Au besoin on pourra mener une étude sur ce point …

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Daouda septembre 23, 2016 - 10:22 am

Excellent!
Je vais rajouter un autre point important.
S’il s’agit de l’offshoring au plan mondial, c’est basé a peut près sur les memes regles que le commerce: on vend en fonction de la demande.
Si un service X est sollicité par les multinationales (qui cherchent la même qualité au meilleur prix) les plateformes doivent proposer ce service, pour prendre des parts de ce marché. Et les ecoles doivent s’adapter pour proposer des formations sur ce service X, afin de fournir les plateformes en personnel qualifié.
C’est exactement le modèle indien, qui a manufacturé les secteur des services informatiques.

Daouda Guindo
http://www.dgcnet-offshore.com

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Moha décembre 22, 2017 - 9:19 am

Excellente explication Daouda
Il faut absolument conceptualisé au niveau macro notre politique numérique autour de l’offshore et du digital et en terme de services

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