Accueil PublicationsEconomie & Finances Le Sénégal face aux défis de l’intégration sous régionale: faut il s’inspirer du Venezuela ?

Le Sénégal face aux défis de l’intégration sous régionale: faut il s’inspirer du Venezuela ?

Par Moha

Les pièges des dérives de l’Étatisation de nos Économies.

Le Sénégal est un pays membre de « l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine » (UEMOA), groupant huit pays anciennement colonisés par la France qui continuent de leur être liée par des Accords de coopération économique, financière et militaire des leur accession à l’Indépendance nationale en 1960. Le Sénégal est la deuxième Économie après la Cote d’Ivoire dans ce regroupement sous régional. Ensuite, depuis 1975, le Senegal, est, avec 15 autres États dont les Huit membres de l’UEMOA, partie intégrante d’un regroupement sous régional plus vaste avec 300 millions de consommateurs, que constitue la « Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest » (CEDEAO) dont il est la quatrième Économie derrière le Nigeria, la Cote d’Ivoire et le Ghana.

Les accords économique, monétaire et militaire qui lient le Senegal a la France, au sein de l »UEMOA, sont devenus des obstacles majeurs non seulement au développement économique et social du Senegal pour sortir de la dépendance et la pauvreté, mais le sont aussi pour son intégration réelle dans la CEDEAO, dont il est la principale entrée stratégique de côté de l’Atlantique, étant donnée sa position géostratégique dans le Golfe de Guinée.
En effet, avec ces Accords, le Senegal est obligé de déposer dans un Compte d’Opération au sein du Trésor Public de la France a Paris, 50% de ses Avoirs extérieurs, au même titre que les sept autres membres de l’UEMOA, pour servir de garantie à la convertibilité de leur monnaie commune le Franc CFA qui est arrimé à l’Euro par une parité fixe.
De cette manière, le Senegal dispose d’une monnaie stable et forte par rapport au dollar et au Yen, qui érode sa compétitivité internationale, et le soumet aux contraintes économiques et financières de la France et de l’Union Européenne.
Cette situation aurait dû permettre au Senegal d’exporter principalement en France et dans l’Union Européenne puisqu’il n. Pas de  » risque de change » , ni de limitation tarifaire du fait de sa situation de PMA qui lui fait bénéficier des avantages liés à l » Accord tout sauf les armes », qui ouvrent le marché de l’UE a tous des pays, sans contraintes tarifaires ni quantitatives.
Mais dans les faits, le Senegal exporte plus dans la CEDEAO et vers l’Asie, que vers la France et le l’UE, et paradoxalement, importe plus de la France et de l’UE.
Cette insertion économique paradoxale du Senegal dans le monde, ou, il exporte la ou il a des contraintes de compétitivité prix (CEDEAO et Asie), et importe plus d’où c’est plus cher ( de France et de l’UE) est le résultat de deux tarés historiques qu’il traîne jusqu’ici, que sont les accords économiques et monétaires qui le lient à la France, et la prépondérance des entreprises Françaises et Européennes, dans le secteur moderne de l’Economie du pays.
Ces Entreprises qui sont le plus souvent des filiales ou succursales d’Entreprises mères situées en France et dans l’UE, importent directement de leurs maisons mères, et vendent prioritairement dans le marché national Senegal et sous sous régional (UEMOA et CEDEAO).
C’est donc tout le contraire de ce que l’intérêt national du Senegal attend des entreprises installées au pays, qui devraient exporter vers l’Europe en cherchant à y gagner des parts croissantes de marche, et importer plus de la CEDEAO et d’Asie grâce à son pouvoir d’achat élevé que lui confère son arrimage a l’Euro.
D’ ou l’impérieuse nécessité pour le Senegal de r émettre en cause, à la fois ses accords économiques et monétaires avec la France, et la place prépondérante des Entreprises Françaises et Européennes dans notre Économie.
D’ailleurs, à cause des retards pris dans cette voie de recouvrement de notre souveraineté économique, que l’éligibilité du Senegal aux opportunités d’exportation offertes par les USA dans le cadre de  » l’ African Growth, Opportunity Act » ( AGOA) n’a eu aucun impact sur les exportations du Senegal, puisque les secteurs concernés sont sous le contrôle d’entreprises Françaises qui préfèrent exporter ailleurs qu’aux USA.
Cette dépendance du Senegal qui bloque ses perspectives et opportunités de développent et qui entrave le processus de son intégration dans la CEDEAO, va s’accentuer avec le nouvel accord de Partenariat que l’UE veut faire adopter aux pays Africains, donne  » Accors de Partenariat Économique  » ( APE) qui va complètement ouvrir a 75% notre marche sous régional de la CEDEAO de trois cent millions de consommateurs aux produits Européens sans aune contrainte tarifaire ni de contingentements.
Face à ces perspectives, la CEDEAO devrait relever ces défis au succès de son intégration, par une politique tarifaire commune qui est adoptée, mais qui tarde a être ratifiée. Par 9 pays 15 membres, et l’avènement de sa monnaie commune en 2020, pour permettre aux pays de l’UEMOA, comme le Senegal, de sortir leurs 50% d’avoirs extérieurs du Compte d’ Opération du Trésor public de la France, et sortir de l’Euro.
C’est dans ce cadre, que le Senegal a découvert d’importants gisements de pétrole et de gaz, qui pourraient servir à renforcer le processus d’intégration sous régionale dans le cadre de la CEDEAO, en utilisant une partie de ces ressources à cette fin, que l’on a attendu en vain du Nigeria, qui aurait pu suivre l’exemple de politique Bolivarienne d’intégration en Amérique Latine.
Mais le secteur pétrolier Nigérian a produit de puissants bureaucrates qui se sont enrichis par la corruption et les détournements, au détriment du développement économique et social de leur peuple, et de l’intégration sous régionale, qui est la seule perspectives pour sortir solidairement les peuples d’Afrique de l’Ouest, de la dépendance et de la pauvreté.
Les Nigérians ont été incapables de bâtir un puissant secteur public autour de l’énergie, pour contribuer à réaliser les aspirations des peuples d’Afrique de l’Ouest au développement et à la souveraineté sur leur destin, que le potentiel économique, et de ressources humaines dont dispose leur pays les prédisposent.
Les dérives « d’Etatisation » du secteur pétrolier leur a été fatales au point de créer une situation d’instabilité et d’insécurité, qu’exploitent sur aujourd’hui, les grands groupes pétroliers et leurs alliés politiques au Nigeria pour tenter sa partition au Nord, par le djihadisme avec Boko Haram, comme instrument.
Un Nigeria déstabilise et démantelé signifierait rejeter aux calendes grecques, le rêve de plus de 50 ans, d’intégration sous régionale dans le cadre de la CEDEAO.
Dans ce cadre, le Senegal, avec l’expérience Bolivarienne d’intégration pourrait il prendre le relais du Nigeria?
C’est à cet égard, qu’il s’est avéré nécessaire de prendre en compte les développements récents dans l’édification d’un secteur public puissant dans une perspective de liberation économique et sociale des peuples.
Le Brésil, sous la direction du Parti des Travailleurs, et l’Argentine, sous la direction du Parti des Khrusner, viennent de donner au monde, l’illustration la plus récente de cette tragédie, qui brise les rêves des partisans de la  » transformation sociale » de nos économies pour le développement, à travers l’édification d’un puissant secteur public dans les domaines stratégiques de leur Économie nationale.
En effet, n’ayant pas tiré suffisamment de leçons de la chute du Parti Communiste de l’Union soviétique, qui a brisé, non seulement cet État, mais aussi tout le camp socialiste d’Europe de l’Est, la gauche de transformation sociale au Brésil et en Argentine, a reproduit les pratiques de nationalisation des secteurs stratégiques de leurs économies, pour mettre fin à leur exploitation par les Multinationales et leurs alliés locaux, et s’y appuyer pour transformer leur société.
Mais elle a appris à ses dépends, que la Nationalisation d’un secteur stratégique de l’Economie n’est pas une mesure exclusivement socialiste, ni une fin en soi, mais seulement une  » phase de transition » qui peut retourner au Capital privé, le secteur ainsi nationalisé.
C’est ainsi que les libéraux et les sociaux démocrates en usent pour sauver un secteur stratégique d’une faillite certaine, pour le préparer à une nouvelle privatisation au bénéfice du grand capital.
De même, dans le cadre du Socialisme, la Nationalisation d’un secteur prépare la voie à « sa socialisation  » au profit des travailleurs et autres acteurs sociaux regroupés en  » association  » de producteurs et de consommateurs dans la perspective de la construction d’une Société Communiste.
Malheureusement, avec Staline, la Nationalisation a été considérée comme une fin en soi, et n’a produit, au fil des ans, qu’une bureaucratie d’Etat, coupée des travailleurs et des populations, qui, de guerre lassés par des discours qui jurent d’avec leurs réalités quotidiennes, ont fin par servir de terreau a la contre révolution qui a redistribué les secteurs clefs de l’Economie a ceux qui se sont enrichis par la corruption et les détournements, dans la gestion des secteurs nationalisés.
Le Parti des Travailleurs du Brésil, vient d’en faire les frais, devant un peuple désabusé par la prédation de ses ressources dans le secteur nationalise a l’image de Petrobas.
De même en Argentine, c’est au nom de la lutte contre la corruption et les détournements dans le secteur nationalise, que le Khusnerisme a perdu démocratiquement le pouvoir à travers l’expression libre et transparente du suffrage du peuple Argentin.
Ces deux piliers de l’intégration économique des peuples d’Amérique, viennent ainsi remettre en cause cet acquis historique de la Révolution Bolivarienne du Venezuela qui balisait la voie aux peuple d’Afrique en quête de leur souveraineté par l’intégration sous régionale et régionale.
Dans ces deux pays, comme en URSS, les travailleurs et le peuple se sont totalement désolidarisés de ceux en qui, ils avaient fondé leur espoir de recouvrer leur souveraineté sur leur destin.
C’est le même scénario qui se dessine avec le Venezuela, si le pouvoir bolívarien ne se réconcilie pas rapidement avec les travailleurs des secteurs nationalisés, en ouvrant des perspectives réelles de leur socialisation, seule en mesure de briser la Bureaucratie d’Etat qui prospère et qui se coupent d’eux.
De même, pour faire face efficacement au sabotage économique qu’entreprend le secteur privé par des rétentions de stocks et/ou de facteurs de production et / ou de détournement de marchandises, il ne suffit pas de recourir à des sanctions judiciaires et/ ou à des interventions de forces de l’ordre.
Il s’avère nécessaire de se rappeler Lénine qui était confronte à ce genre de sabotage au lendemain de la Révolution d’Octobre.
A la place de les nationaliser comme Trotsky et autres l’exigeaient, Lénine avait pris un Décret pour instaurer le  » contrôle ouvrier sur la production et le commerce des marchandises » en y impliquant les syndicats.
C’est de cette manière qu’il a fait éviter au pouvoir nouveau né des Soviets, de tomber par la contre révolution, qui a dû recourir à la lutte armée, après l’échec de leur arme économique sous forme de sabotage,
Le pouvoir bolívarien a intérêt d’impliquer de cette manière les syndicats dans les entreprises privées , les grandes surfaces commerciales et dans les banques privées et les assurances, pour mettre en échec le recours au sabotage économique comme arme contre révolutionnaire pour l’abattre.
L’exemple des travailleurs, dûment saluer par le Président Maduro, d’une grande entreprise privée de production des papiers hygiéniques, qui ont pris en charge le destin de celle ci pour mettre en échec, au projet du Propriétaire de sa liquidation dans le cadre du sabotage économique organise par le patronat appuyé par les USA, ouvre la voie à la prise d’un tel degré Décret.
En Afrique, c’est aussi a cette dérive de l’Etatisation que nous assistons en Angola et au Congo Brazaville, ou les secteurs nationalisés ont produit cette même caste de Bureaucrates, prête, le cas échéant à tout restituer au grand capital, en contrepartie de leur recyclage dans les affaires sous son coaching.
La Nationalisation comme une fin en soi, est dont le fossoyeur des aspirations de transformation sociale de nos peuples, avec à leur tête les travailleurs de ces secteurs  » étatisés ».
Au Sénégal, des entreprises publiques telles que la Senelec, la SAR, la Sonatel, La Poste, l’ex Suneor, et la Sodefitex, sont matures pour » leur socialisation  » en créant dans chacun de ces secteurs, un puissant  » Cartel » regroupant l’Etat, les Travailleurs et les autres partenaires nationaux, pour briser le syndrome de l’ auto production et de la reproduction de cette puissante Bureaucratie d’Etat que l’on peine à enrayer par des procédures exclusivement judiciaires.
Un grand  » Cartel » dans le secteur de l’énergie regroupant, électricité, Gaz et pétrole, ( Senelec, SAR, Aser), entre l’Etat, les travailleurs, les transporteurs d’hydrocarbures, et les distributeurs nationaux dans ces sous secteurs, permettrait une meilleure appropriation de nos nouveaux gisements au bénéfice de notre peuple.
De même un puissant « Cartel » dans les télécom permettrait à la Sonatel, associée aux petites et moyennes entreprises de ce secteur, de mieux s’affermir dans notre sous région, au plus grand bénéfice de notre peuple.
C’est autour de la Défense de ce « secteur public socialise  » qu’il faut mener la lutte contre la ratification des APE, pour la ratification générale du TEC pour les 9 pays restants, et l’avènement de la monnaie commune de la CEDEAO en 2020, pour mettre fin à la Zone Franc.
Autrement, le régime de BBY actuel n’échappera pas au syndrome des secteurs nationalisés qui, partout ailleurs dans le monde, sont les porteurs des fossoyeurs de ces genres de régime cherchant à assumer la souveraineté économique de leurs peuples.
Le secteur public dans les domaines stratégiques de nos États devraient donc être transformé par la  » Socialisation », de  » tendon d’Achille » de nos Révolutions nationales, en « moteur » pour la réalisation de leur aspiration à l’indépendance et a l’intégration sous régionale et nationale, pour assumer leur destin parmi les Nations du monde.
Mais pour parer aux réactions éventuelles du privé par un sabotage économique organise pour torpiller ce projet de reprise de nos souveraineté économique et politique, et barrer la route a la confiscation de ce nouveau pouvoir par une nouvelle caste de bureaucrates, il est nécessaire de l’accompagner par l’institution d’un  » contrôle ouvrier / salarié » dans les entreprises, commerce de Grandes surfaces, Banques et Assurances, et le  » contrôle citoyen » sur les institutions locales et nationales.
Il n’y a pas de fatalité a faire du secteur public le monstre qui dévore ses enfants, et ruine l’espoir des peuples a sortir de la misère, de l’exploitation, de la spoliation, et de la dépendance.
Ibrahima Sene PIT/Sénégal/CDS.

Fait à Caracas, le 13 juillet 2016

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