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Benno Bok Yaakar ou la coalition sans accord formalisé

Par MO

Depuis la sortie du parti Rewmi de la coalition Benno Bok Yaakar les tentatives de justifier que cette coalition a bel bien une vision partagée entre les alliés qui la compose sont nombreuses et décrivent un malaise politique palpable. De toutes les justifications qu’on nous sert celle qui me paraît la plus embarrassante est celle qui essaie de nous faire croire que la DPG représente une vision commune des alliés ou un programme partagé, car la DPG leur est de fait « imposé » et depend du premier ministre.De ce que nous en savons Abdoul Mbaye n’a pas consulté les alliés de BBY pour faire sa DPG et Aminata Touré ne le fera pas non plus. Le président s’étant lui même fait discret dans celle de Abdoul Mbaye par souci de responsabilisation et de confiance.

Une DPG n’est pas un accord politique entre alliés. C’est deux choses différentes. Par exemple en France le PS et les verts ont eu un accord avant la présidentielle signée par Martine Aubry alors première secrétaire du PS. Cet accord lie François Hollande qui a été finalement élu par le PS et ses alliés verts. Ni Jean Luc Mélenchon ni François Bayrou n’ont cherché d’accord avec le PS , même si tous les deux ont contribué à son election de façon active en ayant appelé à voter contre Sarkozy au deuxième tour. Si l’apport de Mélenchon était idéologiquement cohérent celui de Bayrou représente une rupture dans l’histoire des alliances des partis du centre en France. Rappelons que le Front de Gauche est dans la majorité parlementaire et le Modem en dehors de celui-ci. Pour la petite histoire François Hollande aurait même reproché a Martine Aubry d’avoir etait trop large avec les verts pour les circonscription législatives, mais il a respecté le quota malgré des grincements de dents de certains tenors du PS.

Ne confondons donc pas des concepts différents, qui se font à des temps politiques différents.

Le grand reproche qu’on fait à BBY est légitime et ce n’est pas plus une manque de vision partagée mais surtout une absence d’accord politique et la nuance est grande. Je n’ai arrêté de la dénoncer depuis les tractations d’entre les deux tours de la présidentielle de 2012. C’est ce que j’ai dit dans un autre article récent: « là où on aurait dû reprendre a refaire de la politique comme on l’aime les leaders des partis ont préféré y renoncer! » Et cette frustration on la retrouve jusque dans les cercles de cadres et des états majors des partis composant BBY . Aucun sénégalais ne peut dire aujourd’hui sur quelle base les partis de BBY ont convenu d’un accord de gouverner ensemble et quels sont les lignes rouges à ne pas franchir pour les différents signataires qui justifierait une dé-solidarisation gouvernementale ou la rupture d’un quelconque accord… La classe politique a bâclée ce processus et ils en paieront le prix fort pour 5 ans. La non formalisation d’un accord qui aurait été une entente politique ficelée autour de principes clairs donne une manque de lisibilité et de clarté des positions des uns et des autres par rapport aux orientations du président élu. Des prises de positions comme celles du parti Rewmi nous donne l’impression qu’elles ne se font plus forcément sur des principes formalisés dans un accord écrit mais plutôt sur l’opportunité politique de chaque état major selon son agenda et d’autre part selon le bon vouloir du président. Aujourd’hui en France l’etat major des verts évoque la possibilité de quitter l’attelage gouvernemental si une volonté de politique prenant en compte les preoccupations des ecologistes n’est pas ressentie. Personne ne parle de tactique ou de roublardise, c’est de la politique de haut vol!

Je finirai par faire remarquer que si la DPG était l’accord qui scellait les principes de compagnonnage entre les alliés, cet accord aurait mérité alors toutes les critiques faites sur la coalition qui dénoncent ses défauts congénitaux. Car pour le mandat en cours il y aura autant de DPG que de premier ministre. J’ose espérait que Aminata Touré nous fera une DPG en bonne et due forme. Au delà de ce point j’invite tout observateur de la scène politique à réunir n’importe quel représentant de bureau politique du PS, de la LD, de l’APR, du PIT et de l’AFP en leur posant la question simple  » quels sont les termes de votre compagnonnage dans la coalition? » Je vous assure sans trop me tromper que vous aurez autant de réponses différentes que d’interpellés. On ne sait pas par exemple si le president faisait revenir le Sénat si tel ou tel autre parti considérerait cet acte comme un motif de rupture évident comme les verts le ferait avec la construction de nouvelles centrales nucléaires… Ou quels sont les deux ou trois points qui, s’ils ne sont pas dans la prochaine réforme des institutions ou celle de la décentralisation signerait l’arrêt du compagnonnage de tel des partis cités plus haut avec le président.

Voici la mauvaise nouvelle que nous a amené la classe politique à la veille de l’élection de Macky Sall.

Mohamed LY
President Ipode

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